La première étude sur l’essai clinique en cours qui a déjà vu trois personnes bénéficier du cœur artificiel Carmat a été publiée dans la revue The Lancet.
Carmat sort du bois ; la société française à l’origine de la désormais fameuse prothèse intégrale de cœur bio-artificielle connue pour sa communication opaque livre (enfin) des informations plus précises sur l’essai clinique de phase I qui prévoit la greffe de 5 patients. Pour l’instant, trois greffes ont été portées à la connaissance du public. Une étude publiée dans la revue The Lancet mardi 28 juillet 2015 fait le point sur les deux premières implantations réalisées le 18 décembre 2013 à l’hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP) et le 5 août 2014 au CHU de Nantes, deux patients décédés respectivement 74 et 270 jours après l’opération. La troisième personne à avoir bénéficié de ce véritable cœur de cyborg a été opérée le 8 avril 2015 et serait actuellement en phase de rééducation.
La biocompatibilité des matériaux validée
Aucune information fracassante pour autant dans cette publication scientifique signée des grands noms de la cardiologie française ayant participé à ces opérations inédites : le Pr Alain Carpentier, à l’origine du projet il y a plus de 20 ans, ainsi que les Prs Daniel Duveau (Nantes), Christian Latrémouille et Jean-Noël Fabiani (HEGP), pour ne citer que les plus connus. Cette sorte de bilan de parcours se félicite surtout que les décès n’aient pas été provoqués par un problème de biocompatibilité des matériaux utilisés. Un point crucial puisque c’est l’idée d’une prothèse hémocompatible limitant les risques de formation de caillots sanguins qui est à l’origine de cette innovation. Autrement dit, la possibilité de disposer d’une prothèse d’une durée de vie nettement supérieure aux systèmes précédents dits “à valves” qui nécessitaient un traitement anticoagulant à vie. “L’autopsie n’a révélé aucune formation de thrombus à l’intérieur du cœur artificiel malgré une période de 50 jours sans anticoagulation”, notent les auteurs. Par ailleurs, “la source de la défaillance électronique”ayant entraîné la mort des deux patients a été “identifiée et corrigée” selon les auteurs. Ils insistent ainsi sur le fait que l’analyse des bio-prothèses n’ont pas révélé de “défaillances mécaniques” mais seulement des problèmes portant sur des composants électroniques.
On apprend également que la ré-opération du premier patient, Claude Dany, survenue 23 jours après la greffe était due à une “tamponnade”, une compression du cœur provoquée par la présence excessive de liquide dans le péricarde, empêchant le cœur de se contracter normalement. Le traitement anticoagulant avait par ailleurs été interrompu pour cause de saignements postopératoires. Des complications graves qui n’auraient pas empêché le cœur d’assurer sa fonction de pompe. Claude Dany serait ainsi mort subitement alors qu’il discutait avec sa famille et qu’il buvait un soda.
Dans l’ensemble, les auteurs se montrent très optimistes quant aux premiers résultats obtenus. L’étude a bien sûr été intégralement financée par la société Carmat.
Avec Entreprendre