Les résultats de la visite du 4 au 6 Avril dans 3 pays de l’Afrique subsaharienne, le Niger, le Burkina Faso et le Mali, d’une délégation tunisienne conduite par le chef du gouvernement en place, demeurent un mystère.
Une centaine d’hommes d’affaires tunisiens étaient du convoi. Ils devaient participer à des forums mixtes d’hommes d’affaires sensés aboutir à des programmes d’échanges économiques et commerciaux.
Certains entrepreneurs ont signé des contrats et sont rentrés avec des commandes fermes en poche, vraisemblablement négociés des mois avant la visite, ainsi que quelques conventions de partenariat.
Un des participants me confie, outragé: “… j’ai été invité à seulement 15 jours de l’événement, donc je n’étais nullement préparé, et beaucoup comme moi se sont trouvés cantonnés au rôle de simples comparses, on a juste participé au financement de la mission”.
Bref, revenons aux échanges commerciaux de ces 3 pays subsahariens avec le reste du monde.
Pour illustrer la rude concurrence, je dresse ici-bas, le classement des 5 premiers pays exportateurs vers lesdits pays:
La France et la Chine occupent manifestement une position dominante grâce aux grands investissements consentis par ces deux pays et en particulier la Chine.
Exporter du ciment et des médicaments emballés
Avec un dispositif de formation professionnelle en faillite, un système de santé délabré, une industrie affichant de piètres performances, que compte exporter la Tunisie vers ces trois pays de l’Afrique subsaharienne à part du ciment et des médicaments emballés!
En 2015, ces trois pays ont importé pour 344 Millions USD de ciment (800 Millions TND) et 259 Millions USD de médicaments emballés (610 Millions TND).
En Tunisie, les secteurs de la cimenterie et des industries pharmaceutiques sont les secteurs qui affichent la meilleure santé.
Le gouvernement devrait exploiter cette niche et conquérir sa part dans ce marché, et le marché africain en général, avec une politique commerciale agressive et ciblée.
Source:http://atlas.media.mit.edu/en/
La suprématie de la Chine en Afrique
Il est patent que les marchés africains sont dominés par les grandes puissances économiques essentiellement la Chine et la France.
Néanmoins, des données économiques disponibles sur 40 pays africains, montrent qu’en terme de volumes d’échanges commerciaux, la Chine surclasse la France dans 32 pays.
En d’autres termes, 80% des pays du continent africain ont pour premier partenaire commercial la Chine, dont plusieurs anciennes colonies françaises: Algérie, Burkina Faso, Mauritanie, Tanzanie, Djibouti…etc.
Les raisons de la suprématie chinoise sont simples: aides et crédits pour le développement à des conditions avantageuses.
Rien qu’en 2016 la Chine a octroyé des aides et des crédits à l’Afrique de l’ordre de 60 Milliards USD (140 Milliards TND)!
Aussi, durant la période 2008 – 2013, les investissements chinois ont connu une croissance exponentielle passant de 7 Milliards USD en 2008 à 26 Milliards USD en 2013.
En 2016, les investissements directs non financiers des entreprises chinoises en Afrique ont atteint plus de 2.5 Milliards USD (5.9 Milliards TND).
Bien qu’en Janvier 2017, les investissements directs non financiers à l’étranger de la Chine aient régressé de 35,7% sur un an pour atteindre 7.73 Milliards de dollars, mais ce n’est que conjecturel.
Recourir à la Chine pour éviter le diktat des bailleurs de fonds conventionnels!
Comme ce fut le cas en espèce pour le Mali, en 2014, le FMI et la BIRD avaient gelé 70 Millions USD (164 Millions TND), suite à l’achat d’un avion présidentiel et du matériel militaire.
Au mois de septembre de la même année, lors du “World Economic Forum of Tianjin”, la Chine accorde au Mali 11 Milliards USD (25.9 Milliard TND) dont 51 Millions USD (120 Millions TND) à titre de don, pour financer une myriade de projets de développement: Routes, Chemin de Fer…
Par ailleurs, où sont les promesses de financement du Tunisia 2020…entre les mots et les faits il y a un abîme!
Pour conclure, à l’instar des pays africains, il est bien temps de réfléchir sérieusement au développement et à la promotion de relations commerciales et économiques avec la Chine via des investissements et des crédits pour le développement, au lieu de s’endetter auprès des bailleurs de fonds conventionnels, qui nous soumettent à leurs diktats, au prix de notre souveraineté.
L’Afrique a fait le grand pas, qu’attendent les Tunisiens, l’aval de l’Occident…et si d’aventure ils osent, quelles en seraient les conséquences?
Pour l’heure, face au chômage, à la pauvreté et à la corruption, qui ont déclenché les récentes émeutes, le pire n’est pas toujours sûr.
Avec huffpostmaghreb