Basé à Casablanca, le fonds Africa50 spécialisé dans les infrastructures a tenu le 29 juillet son assemblée générale constitutive. 17 pays africains ont apporté près d’un milliard de dollars à ce véhicule d’investissement initié par la Banque africaine de développement.
C’est le véritable acte de naissance du fonds Africa 50. Porté par la Banque africaine de développement (BAD), ce véhicule d’investissement vient de tenir, ce mercredi 29 juillet à Casablanca, son assemblée générale constitutive. 17 pays * ont souscrit au closing initial pour un montant global de près d’un milliard de dollars. Loin, très loin des objectifs de départ : au lancement de l’initiative en mai 2013 à l’occasion de l’assemblée générale annuelle de la BAD tenue à Marrakech, les responsables de la l’institution financière panafricaine ciblait un capital de départ de 3 milliards de dollars.
« Nous n’avons pas voulu trop attendre pour lancer officiellement l’activité d’Africa50. Nous nous sommes fixés donc un seuil de départ d’un milliard, sachant qu’une assemblée générale extraordinaire sera organisée en décembre prochain pour accueillir de nouveaux actionnaires », signale Donald Kaberuka, président sortant de la BAD et, à ce titre, initiateur du projet.
C’est une initiative africaine, portée par les Africains, pour les Africains. Mohamed Boussaid
Africa only
Le tour de table sera-t-il ouvert à d’autres pays non africains ? « Non », répond le ministre marocain de l’économie et des finances, Mohamed Boussaid. « C’est une initiative africaine, portée par les Africains, pour les Africains. Cela s’inscrit parfaitement dans la nouvelle vision du royaume de co-émergence et coopération sud sud », répond le ministre qui a été élu à l’occasion de cette première assemblée, président du conseil des gouverneurs du fonds pour une durée d’un an. Le conseil est composé des ministres des finances des pays fondateurs.
Domicilié à Casablanca Finance City, la place financière de la capitale économique du Maroc, ce fonds qui servira exclusivement au financement de projets d’infrastructures en Afrique devra ainsi s’appuyer dans son exploitation sur les marchés des capitaux pour boucler la boucle. « Ce ne sont pas les souscriptions qui vont financer les projets qui nous seront soumis. On va s’appuyer essentiellement sur les marchés des capitaux et les institutions financières internationales pour lever de l’argent », précise Donald Kaberuka, qui rappelle que seuls les projets bancables seront retenus. « Africa50 est une entreprise commerciale, totalement indépendante de la BAD et qui sera gérée selon les meilleurs standards en termes de gouvernance et de gestion. C’est un fonds qui recherche en premier lieu la rentabilité économique et financière ».
Il s’agit donc de financer des projets d’infrastructure rentables dans le temps : des aéroports, des ports, des routes à péage… « Les besoins de financement en terme d’infrastructures s’élèvent actuellement à plus de 50 milliards de dollars. Africa50 a été crée pour couvrir ce gap », signale Kaberuka.
Un fonds sans patron
Si l’assemblée générale constitutive a élu le président du conseil des gouverneurs, le management du fonds n’a pas été encore désigné. « Africa 50 est dirigé actuellement par Alassane Ba, qui a été détaché de la BAD pour assurer de manière temporaire la gestion du fonds. Mais nous allons lancer dans les prochains jours un appel à candidatures pour le choix du management du fonds. La compétence sera le critère essentiel pour la désignation des managers », confie Donald Kaberuka, comme pour barrer la route à toute interprétation politique aux futures nominations.
* Bénin, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Egypte, Gabon, Gambie, Ghana, Madagascar, Malawi, Maroc, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo
Avec Jeune Afrique