Jean-Marc Anga, directeur de l’Organisation internationale du café et du cacao, revient pour “Jeune Afrique” sur les perspectives mondiales de du cacao.
Les prix du cacao ont connu une hausse de 10 % depuis février et se situent à un niveau relativement élevé [3 347 dollars la tonne, soit 3 028 euros, le 10 juillet]. Hormis lors de la crise ivoirienne de 2010-2011, de tels cours n’avaient jamais été atteints.
Deux raisons à cela : d’abord, le phénomène climatique El Niño, qui fait baisser la production mondiale de 2,5 % en moyenne, soit d’environ 100 000 tonnes. Selon les experts, il y a 85 % à 90 % de probabilités qu’il se poursuive jusqu’à la fin de l’année.
Ensuite, la forte réaction du marché à la publication des estimations de production de l’Icco pour le Ghana. Deuxième producteur mondial, le pays devrait voir sa production chuter, passant de 900 000 tonnes en 2013-2014 à environ 700 000 tonnes pour 2014-2015. Ses plantations ont souffert de l’harmattan et de la pourriture brune [maladie bactérienne]. Cependant, le Ghana Cocoa Board a saisi les paramètres du problème, et le pays devrait revenir à un bon niveau de production en 2016. Quant à la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, elle devrait maintenir sa production de 2014, soit plus de 1,7 million de tonnes.
Excédent
À l’échelle mondiale, le marché a connu un faible excédent de 14 000 tonnes environ lors de la dernière campagne, tandis que l’actuelle devrait enregistrer un déficit de près de 38 000 tonnes. La campagne 2015-2016 devrait aussi connaître une situation de déficit, et ce malgré le retour du Ghana, car nous ne connaissons pas encore toute l’étendue des dégâts qu’El Niño pourrait causer.
La filière cacao se trouve à un tournant. Nous espérons que les initiatives pour augmenter la productivité vont aboutir. Autrement, il sera difficile de répondre à la demande mondiale, et les prix vont augmenter.
Avec Jeune Afrique