En Côte d’Ivoire, des vives tensions ont éclaté en début de semaine à Duékoué, où les populations se sont opposées à l’exhumation des corps de membres de leurs familles massacrés lors de la crise post-électorale de 2010/2011. A l’époque, Duékoué, dans l’ouest du pays, avait été le théâtre de terribles représailles à l’encontre notamment des populations Guérés, considérées comme étant pro-Gbagbo.
D’une part un gouvernement qui invoque des raisons sanitaires et la volonté de donner une sépulture digne aux centaines de victimes enterrées dans des fosses communes en centre-ville. D’autre part, une population de Duékoué traumatisée, qui réclame un report de cette opération après les élections d’octobre 2015, pour ne pas raviver la douleur et le cauchemar des massacres de mars 2011.
Après l’émotion et des manifestations hostiles aux exhumations, le climat semble plutôt être à l’apaisement à Duékoué. Une réunion à la préfecture lundi et une autre à la maire ce mardi, ont semble-t-il contribué à ramener un peu de sérénité, ce qui n’a pas empêché les représentants des victimes d’exprimer clairement leurs revendications aux représentants du gouvernement.
« Nous, associations de victimes, nous ne sommes pas préparés psychologiquement parce que nous sommes encore sous le choc. Donc nous leur avons demandé de surseoir dans tout le département de Duékoué aux exhumations. Peu après les élections, l’équipe pourra revenir nous expliquer et nous verrons dans quelles mesures nous allons procéder et puis coordonner ces opérations », explique le représentant des associations de victimes.
Autre point essentiel aux yeux des populations : le rapatriement de six corps qui sont à Abidjan depuis trois ans maintenant pour des autopsies. Les représentants des victimes réclament qu’ils soient enfin restitués aux familles pour être inhumés. Une source proche du dossier assure que cela sera fait. En attendant, sur les modalités des exhumations et son calendrier, les concertations se poursuivent.
Avec RFI