Le président ivoirien vient une fois encore de réitérer son soutien au franc CFA alors qu’un débat enflamme l’opinion africaine depuis quelques temps sur le maintien ou le retrait de cette monnaie héritée de la période coloniale. Réagissant en marge du sommet extraordinaire des dirigeants de l’UEMOA qui s’est tenu lundi à Abidjan, Alassane Dramane Ouattara a mis en avant la situation économique et financière qui prévaut dans l’espace communautaire pour soutenir la pertinence du Fcfa. Au passage, le président en exercice de l’UEMOA écarte toute dévaluation de cette monnaie.
Ce n’est pas nouveau, mais à l’heure où le débat s’amplifie davantage dans l’opinion africaine, régulièrement évoqué par plusieurs chefs d’Etat ainsi que des économistes de renom, la sortie médiatique du chef d’Etat ivoirien va encore faire des vagues. En marge du sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA qui s’est tenu ce lundi à Abidjan, Alassane Dramane Ouattara, président en exercice de l’organisation sous-régionale, a encore martelé que « le franc CFA est une monnaie saine et est entre de bonnes mains ».
« Notre constat est que le CFA se porte bien et la preuve est qu’il dispose de 5 mois d’impression de réserve alors que la norme est de 3 mois ».
Alassane Dramane Ouattara
Économiste et ancien gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), l’ancien cadre du FMI n’a pas manqué de mettre en avant la situation économique et financière qui prévaut au sein de la zone UEMOA pour étayer ses arguments. « La zone franc est bien gérée avec des réserves en devises très importantes, une croissance forte, une maîtrise de l’inflation et du déficit budgétaire », a déclaré à la presse le président ivoirien ajoutant également que « la dette extérieure est bien gérée avec une monnaie saine ».
Conjoncture favorable
Ce n’est pas la première fois que le président ivoirien prend la défense du Franc CFA qui est perçu comme un facteur de stabilité financière pour les 15 pays membres dont les 8 pays de l’UEMOA. Cette fois pourtant, devant l’ampleur que prennent les débats sur le continent ainsi que la position de certains chefs d’Etat de la sous-région, une décision était fortement attendue de la part de la Conférence de l’UEMOA par rapport à cette question.
Surtout que la prochaine réunion des ministres des finances des pays membres de la « Zone franc » est prévue dans quelques jours à Abidjan. La France qui garantit la parité fixe de cette monnaie est allée jusqu’à se déclarer « ouverte à toutes les propositions des pays membres ». Cette fenêtre d’opportunité perçue par certains se referme donc car il va sans dire avec cette posture, la question risque de ne pas être au menu de l’ordre du jour de la rencontre des ministres.
La conjoncture économique assez favorable conforte ainsi le président ivoirien dans son plaidoyer et Ouattara a même qualifié « d’informations fallacieuses », les rumeurs faisant état d’une éventuelle dévaluation de la monnaie commune. « Malgré́ une conjoncture internationale difficile, les Etats membres de notre espace enregistrent de bonnes performances économiques ». Avec un taux de croissance économique de 6,8% en 2016, l’UEMOA affiche un taux de quatre fois supérieur à la moyenne de l’Afrique sub-saharienne (1,6 %) n’a pas manqué de relever le président ivoirien pour qui « ces résultats encourageants sont le fruit des politiques économiques cohérentes ».
Selon les données détaillées par le ministre de l’Economie et des finances du Sénégal, Amadou Ba, président du conseil des ministres des finances de l’UEMOA, le taux d’inflation dans la région a été maîtrisé aux alentours de -2% et en 2017, la croissance du PIB devrait atteindre 6,8%. De bonnes perspectives donc pour l’espace sous-régional de 90 millions d’habitants même si les pays membres doivent désormais faire face à l’amplification des risques sécuritaires qui engendrent de nouvelles dépenses budgétaires. Pour le président ivoirien, ces dépenses parfois non programmées s’inscrivent également dans le cadre de la poursuite des objectifs pour le développement.
Avec latribune