Le chef de l’Etat malien Ibrhaim Boubacar Keitai (IBK) a nommé, samedi dernier, un nouveau premier ministre, le quatrième du genre depuis son arrivée pouvoir en 2013. Il s’agit du ministre de la défense Abdoulaye Idrissa Maiga, un ingénieur de 59 ans réputé proche de la famille présidentiel. Cette promotion pour un cadre du parti présidentiel intervient dans un contexte difficile marqué par l’amplification des tensions sociales et une recrudescence des attaques terroristes particulièrement dans le nord du pays encore sous le joug de différents groupes jihadistes et mouvements rebelles. Autant de défis pour le nouveau chef du gouvernement qui a la lourde responsabilité de venir à la rescousse d’un IBK mal en point, à un peu plus d’un an des prochaines élections présidentielles.
Le Mali a depuis samedi dernier, un nouveau premier ministre. Il s’agit d’Abdoulaye Idrissa Maiga, qui était jusque-là la tète du ministère de la Défense nationale. « Le président de la République a nommé Abdoulaye Idrissa Maïga Premier ministre, après avoir reçu la démission de Modibo Keïta », a ainsi déclaré à la presse, le secrétaire général de la présidence malienne, Soumeylou Boubeye Maïga, quelques instants après l’annonce officielle de la nomination du nouveau premier ministre.
Cela fait déjà plusieurs mois que des rumeurs sans cesse relayées par la presse faisaient état d’un changement de gouvernement en instance. Les rumeurs étaient dernièrement devenu plus insistance ces derniers temps après le constat, qui prévaut même au sein de la majorité présidentielle, de l’échec de l’équipe du premier sortant Modibo Keita, en poste depuis janvier 2015, de répondre aux défis sociopolitique et surtout sécuritaire qui se sont amplifiés ces derniers mois.
C’est donc pour faire face à cette situation et insuffler une nouvelle dynamique à l’action gouvernementale que le président IBK s’est encore vu dans l’obligation de changer de premier ministre après avoir déjà usé trois profils depuis son arrivée au pouvoir en 2013.
Un ingénieur proche de la famille présidentielle
La nomination d’Abdoulaye Idrissa Maiga, 59 ans et natif de Gao, appelle plusieurs lecteurs qui convergent à dire que le chef de l’Etat malien a porté son choix sur le candidat de la dernière chance pour probablement lui assurer les chances d’un second mandat. Ingénieur de formation avec une spécialisation en élevage, il a servit dans différents projets et administrations relevant du ministère malien de l’élevage et de la pêche et a parallèlement collaboré avec plusieurs organisations internationales de développement intervenant dans le pays dans les mêmes domaines.
Militant des droits de l’homme, il fut secrétaire général adjoint de l’Association malienne des Droits de l’Homme (AMDH) entre 1990 à 1999 après avoir milité au sein de plusieurs autres structures de la société civile de la région de Gao.
Cependant, c’est surtout sur le plan politique que la nomination d’Abdoulaye Idrissa Maiga prend toute une autre signification. C’est en effet un membre du parti présidentiel, le Rassemblement du peuple malien (RPM) et c’est d’ailleurs la première fois qu’un membre du parti qui a porté IBK au pouvoir est porté à ce poste. Ce qui sera fort utile pour le nouveau chef du gouvernement, notamment lorsqu’il s’agira de faire adopter certains textes au Parlement. Directeur de campagne du président malien en 2013, il a été précédemment ministre de l’environnement puis de l’administration territoriale avant la défense nationale et atterrir finalement la primature. C’est donc presque une consécration politique pour ce père de 5 enfants et dont les postes occupés durant ce premier mandat IBK illustre la proximité avec le chef de l’Etat mais aussi le premier cercle présidentiel. Ce qui constitue une solide base de départ pour le nouveau premier ministre malien pour espérer réussir là où le moins que l’on puisse dire, ses trois prédécesseurs ont visiblement échoués.
Tensions sociales et menaces sécuritaires
La nomination d’Abdoulaye Idrissa Maiga intervient dans un contexte social et sécuritaire particulièrement difficile pour le pays. Dans l’urgence, il va devoir gérer la montée des tensions sociales avec la multiplication des grèves notamment dans les secteurs publics. Le secteur de la santé est par exemple par un débrayage qui dure depuis plus d’un mois et régulièrement d’autres corporations comme les enseignants, les magistrats et même les élèves s’ajoutent aux mouvements de contestation.
Toutefois, l’un des dossiers où il sera très attendu, c’est le domaine sécuritaire. En dépit des avancées enregistrées ces derniers temps dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord d’Alger sensé ramener la paix dans le pays, la situation est loin d’être reluisante dans le pays. Il y a eu certes la tenue dernièrement de la Conférence d’entente nationale à laquelle ont pris part les différents acteurs politiques et de la société civile du pays ainsi que des mouvements rebelles, mais la situation dans le nord du pays ne plaide guerre à l’optimisme. Ces derniers temps et malgré la présence des casques bleus de la MINUSMA et les soldats de l’opération française Barkhane, les groupes terroristes se multiplient notamment dans la partie frontalière avec le Niger et le Burkina. Le nord du pays échappe également au contrôle de Bamako même si des autorités intérimaires ont été dernièrement redéployées dans cette région intérimaire ou pullulent mouvements rebelles touarègues, milices d’auto-défense, groupes terroristes jihadistes et trafiquants de tout acabit. Les récentes attaques terroristes qui ont fait plusieurs morts dans les rangs de l’armée depuis de l’année, attestent d’ailleurs que la situation est loin d’être maîtrisée et que la reconstruction de l’armée malienne n’est pas encore à la hauteur des objectifs qui lui ont été assignés.
Autant de défis que va devoir gérer dans l’urgence, le nouveau premier ministre malien alors qu’une procédure de révision constitutionnelle est enclenchée par le président IBK. Le temps presse car les prochaines élections c’est dans une année et quelques mois et sur le terrain, les résultats enregistrés jusque-là par le régime du président IBK, laisse à désirer si l’on se réfère au sentiment de mécontentement général ambiant au sein de l’opinion malienne alors que l’éventualité d’un second mandat pour le président malien commence déjà à être évoquée comme une certitude par les militants de son parti.
Avec latribune