Une réunion d’urgence devrait avoir lieu mercredi au Conseil de sécurité après une nouvelle attaque chimique qui a fait 72 morts et près de 170 blessés mardi dans le nord-ouest de la Syrie. Alors que la Grande-Bretagne parle d’un vraisemblable crime de guerre, la Russie affirme que l’aviation syrienne a frappé un “entrepôt terroriste” contenant des substances toxiques.
Les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne veulent soumettre un projet de résolution au vote du Conseil de sécurité lors d’une réunion d’urgence à New York mercredi 5 avril, au lendemain de l’attaque chimique qui a eu lieu à Khan Cheikhoun, ville de la province d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, en zone rebelle.
Le bilan de cette nouvelle attaque au gaz toxique perpétrée par les airs s’élève désormais à 72 morts, dont 20 enfants et 17 femmes, et près de 170 blessés.
Enquête
Le texte, obtenu par l’AFP, « condamne dans les termes les plus forts l’usage d’armes chimiques » en Syrie et demande que la commission d’enquête de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), mandatée par l’ONU, commence immédiatement à travailler pour identifier les auteurs de cette dernière attaque.
Le projet de résolution demande également à la Syrie de fournir les plans de vol et toute information sur des opérations militaires au moment de l’attaque. Damas devrait également fournir les noms de tous les commandants d’escadron d’hélicoptères et ouvrir aux enquêteurs ses bases militaires d’où aurait pu être lancée l’attaque.
Enfin, le texte menace d’imposer des sanctions en vertu du chapitre 7 de la charte des Nations unies.
Précédent veto de la Russie
Mardi soir, la position de la Russie restait inconnue, ont indiqué des diplomates. Moscou et Pékin avaient opposé leur veto en février à une résolution du Conseil de sécurité qui aurait imposé des sanctions à Damas, déjà accusée d’avoir perpétré des attaques à l’arme chimique sur des villages syriens en 2014 et 2015.
« Il s’agit manifestement d’un crime de guerre », a déclaré mardi l’ambassadeur britannique à l’ONU, Matthew Rycroft, devant des journalistes au siège des Nations unies. « J’en appelle aux membres du Conseil de sécurité qui ont par le passé utilisé leur veto pour défendre l’indéfendable afin qu’ils changent de cap », a-t-il ajouté.
Toutes les preuves pointent le régime de Bachar al-Assad, a pour sa part affirmé mercredi le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson.
Il s’agit d’un crime de guerre
Le porte-parole de l’ONU, Stephane Dujarric, a pour sa part qualifié les informations sur le bombardement « d’extrêmement inquiétantes et choquantes ».
« Tout usage d’armes chimiques, où que ce soit, représente une véritable menace pour la paix internationale et la sécurité, ainsi qu’une sérieuse violation du droit international », a-t-il souligné.
Frappe du régime sur un entrepôt de produits « toxiques »?
Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a affirmé que « selon les données objectives du contrôle russe de l’espace aérien, l’aviation syrienne a frappé près de Khan Cheikhoun un grand entrepôt terroriste ».
Cet entrepôt abritait « un atelier de fabrication de bombes, avec des substances toxiques », a affirmé le ministère, sans préciser si l’aviation syrienne avait frappé volontairement ou par accident cet entrepôt. Un arsenal d’armes chimiques « livré par des combattants venant d’Irak », a précisé le responsable.
Mardi, la Coalition nationale, importante composante de l’opposition syrienne, avait accusé le « régime du criminel Bachar » d’avoir mené ce raid avec des « obus contenant du gaz chimique ».
Avec Jeuneafrique