En vue de l’élection, l’Ordre des médecins a interpellé cinq des principaux candidats ce vendredi. Voici leurs propositions sur trois sujets brûlants: les déserts médicaux, le tiers payant et le prix de la consultation.
Déserts médicaux, tiers payant généralisé, attractivité de la profession…Autant de thèmes que les médecins, particulièrement remontés contre la politique du gouvernement, ont souhaité évoquer avec les principaux candidats à l’élection présidentielle.
François Fillon, Emmanuel Macron, Benoît Hamon, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan ont ainsi répondu à l’invitation de l’ordre des médecins ce vendredi, et ont dévoilé leurs mesures en faveur de la profession.
> Le tiers payant généralisé
Objet de vives tensions entre les syndicats de médecins et la ministre de la Santé Marisol Touraine, la généralisation du tiers payant, adoptée en 2017, est toujours au cœur des préoccupations des médecins. Qui semblent avoir trouvé en François Fillon un allié de choix: “Je le supprime, je l’ai toujours dit”, a-t-il indiqué, évoquant la lourdeur administrative s’abattant sur les professionnels de santé, et la “déresponsabilisation” des patients. Même chose du côté de Nicolas Dupont-Aignan, qui a mis en garde contre “la fin de la liberté des professionnels de santé”.
Marine Le Pen, elle, s’est montrée évasive sur le sujet, évoquant un “cauchemar pour les médecins” tout en notant que le dispositif était “réclamé par 74% des patients”. Avant de proposer finalement que “la prise en charge soit décidée par le médecin”. Emmanuel Macron, de son côté, a botté en touche, prônant en premier lieu “une évaluation” de la mesure. Enfin, Benoît Hamon s’est montré inflexible sur le maintien du dispositif controversé, “parce qu’il est plébiscité par les patients, et que dans certaines professions, kiné, et même dans certains métiers, la chirurgie, les radiologues, on demande même son extension”.
> La solution contre les déserts médicaux
Plus que l’obligation de s’installer dans les déserts médicaux, Benoît Hamon a émis le souhait de sanctionner les médecins qui s’installeraient dans une zone sur-dotée, en les empêchant notamment d’être conventionnés. Emmanuel Macron, lui, a indiqué qu’il doublerait le nombre de maisons de santé (un lieu de regroupement de professionnels de santé, NDLR).
Considérant la question comme “fondamentale”, François Fillon a évoqué la mise en place d’un numerus clausus régionalisé, mais aussi plusieurs mesures incitatives comme “des dégrèvements d’Urssaf, des honoraires plus importants, revalorisés”. Nicolas Dupont-Aignan veut, lui, aller encore plus loin, en proposant “la suppression de toutes les charges sociales pour les médecins qui accepteraient de s’installer dans une zone sous-densifiée, avec un contrat de cinq ans”. Marine Le Pen veut “développer les maisons de santé pluridisciplinaires”, comme Emmanuel Macron, et accorder des “déductions de charges” aux médecins qui souhaiteraient continuer à exercer au lieu de partir à la retraite.
> Le prix de la consultation
Invités à détailler leurs mesures visant à renforcer l’attractivité de la profession de médecin, les candidats n’ont pu éviter d’aborder le sujet du prix de la consultation. Marine Le Pen a déclaré vouloir y “réfléchir”, car, a-t-elle reconnu, “ce tarif de la consultation, il ne suit pas l’évolution du coût de la vie, et c’est tout à fait anormal de faire peser ainsi le poids (…) sur les médecins.” Nicolas Dupont-Aignan, lui, a assuré qu’il augmenterait le prix de la consultation de 23 à 35 euros. “Cela représente une somme importante, oui, 2,5 milliards. Mais c’est la seule solution”, a-t-il affirmé.
François Fillon, lui, n’a pas avancé de chiffres précis. “Il faut que l’acte soit revalorisé de façon régulière, mais (…) les médecins doivent être rémunérés pour toutes les tâches qu’ils accomplissent au-delà des actes médicaux, en matière de parcours de soin, en matière de santé publique”, a-t-il déclaré. Tandis qu’Emmanuel Macron s’est dit convaincu que “l’on a besoin d’avoir une revalorisation des actes médicaux qui soit aujourd’hui plus complète”. “Je souhaite donc que l’on revoie en profondeur la logique de rémunération de nos professionnels de santé pour permettre une plus grande attractivité”, a-t-il indiqué.
Enfin, Benoît Hamon n’a pas évoqué le prix de la consultation. Mais il a dit souhaiter le développement “d’un paiement forfaitaire, qui correspond aujourd’hui à la nécessité de faire face à l’évolution et à la montée en puissance des maladies chroniques, qui suppose de faire monter en puissance les tâches des médecins en matière de prévention”.
Avec bfmtv