Encore à 2,9%, il y a quelques jours, du moins officiellement, la prévision 2017 de la croissance économique de la République démocratique du Congo (RDC) a été revue par la Banque centrale du pays à 4,9%. Selon l’institution financière centrale, cette progression de la prévision se justifie par l’évolution des prix des matières premières qui ont atteint récemment un niveau favorable. Les secteurs miniers et pétrolier constituent près des 95% des recettes de la RDC.
Premier producteur de cuivre d’Afrique, ses ressources naturelles ont toujours été pour elle un atout majeur. Le pays a ainsi perdu une bonne partie de son potentiel avec la chute des cours des matières premières sur le marché international, surtout ceux du pétrole et des métaux. Mais malgré cette progression, le pays ne peut pas se dire hors de danger.
Justement, l’économie de la RDC n’est pas encore à l’abri de la conjoncture internationale qui plane sur la plupart des pays dont les recettes dépendent en grande partie des matières premières. Janvier dernier, la Banque mondiale (BM) avait averti le gouvernement congolais quant au risque de crise économique durable qu’encourt le pays. La BM pointe du doigt la révision du taux de croissance de la RDC qui est passé entre 2015 et 2016 de 7% à 2,5% en moyenne. « Cette croissance, si on la compare à la croissance de la population de la RDC, qui est quasiment de 3%, et bien on obtient un taux de croissance par tête de 0% ou moins », avait expliqué Emmanuel Pinto, économiste en chef de la BM à Kinshasa.
La monnaie reste faible malgré tout
L’accélération de la croissance économique prévue pour la RDC n’a pas encore impacté la valeur de la monnaie du pays. L’agence de notation Moody’s avait averti que le pays pourrait être confronté en 2017 à une crise de liquidités liée au difficultés du pétrole et des autres matières premières et pourrait ainsi être obligé d’opérer une revalorisation de sa monnaie.
La chute de la valeur de la monnaie se sent à plein nez aujourd’hui. Le pays traverse une crise monétaire grave avec une dépréciation sans arrêt de la monnaie locale, le franc congolais. D’après les chiffres officiels disponibles, la monnaie locale a perdu déjà 30% depuis 2016 face au dollar. Une dégringolade monétaire qui se ressent lourdement dans le pays, la RDC étant un pays qui importe presque tous ses besoins de première nécessité. Mais les autorités congolaises se battent pour que la situation ne vire pas au rouge.
La Banque centrale de temps à autres, ne cesse d’injecter des dollars sur le marché. Une opération que le professeur Albert Tcheta Bampa juge insuffisante. Selon lui, même si la Banque centrale continue de mettre des dollars sur le marché, elle n’arrivera pas à arrêter la chute de sa monnaie. « Le montant avec lequel intervient la Banque centrale est insignifiant. Aujourd’hui, les réserves en devises étrangères de la RDC représentent moins d’un mois d’importations. Le pays n’a jamais atteint trois mois de réserves, le niveau requis internationalement. Aujourd’hui, il faut laisser le taux de change fluctuer au gré des marchés », recommande t-il.
Mais les nouvelles prévisions pourraient permettre de remobiliser les partenaires de la RDC et permettre avec la légère montée des prix des matières premières, de faire beaucoup plus d’entrées et renflouer les réserves de l’Etat. La monnaie reprendra en valeur et la crise pourra se dissiper.