C’est peut-être le début d’un rush des pays maghrébins qui témoignent d’un intérêt grandissant pour l’Afrique subsaharienne. Face à des partenaires occidentaux en délicatesse économique, ces pays semblent s’être tournés vers le partenariat sud-sud avec leurs voisins situés au sud du Sahara.
Opération séduction pour Tunis
Après la possible entrée du Maroc dans l’espace de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO), la tentative d’Alger de consolider ses liens avec les pays africains, la Tunisie se découvre également des ambitions africaines. Le pays de Beji Caïd Essebsi se prépare à intégrer le plus grand bloc commercial d’Afrique.
Tunis veut introduire sa demande d’adhésion au Marché Commun pour l’Afrique Orientale et Australe (COMESA, acronyme en anglais) à l’occasion du prochain sommet prévu pour le mois d’octobre à Lusaka en Zambie, indique un communiqué du secrétariat du Comesa.
Pour séduire les 19 membres de ce bloc régional, Youssef Chahed, le Premier ministre tunisien assure, à la délégation du COMESA menée par son secrétaire général, Sindiso Ngwenya et qui se trouve actuellement en Tunisie, que son pays veut conclure très vite les négociations pour acter son entrée dans cet espace économique.
Le gouvernement tunisien se dit déterminé à contribuer à la réalisation des objectifs du COMESA dès que le pays sera admis. Une adhésion qui semble être un long chemin de croix face à la réticence de certains membres accueillir un nouveau membre situé en Afrique du nord.
Un marché de 475 millions d’habitants et plus de 700 milliards de dollars
En 2005, la Tunisie avait mené une vaste opération de lobbying pour son adhésion au COMESA en tant que membre observateur, mais les desseins tunisiens ne se sont pas réalisés.
Pourtant, le Comesa accueille l’Egypte en tant que membre à part entière après lui avoir donné le quitus pour le statut de membre associé. Selon les textes de l’espace économique, l’article 4 du traité du COMESA prévoit que le bloc régional peut admettre un pays qui est un voisin immédiat d’un Etat membre.
Si sa demande est acceptée, elle deviendra le 20ème membre de ce marché commun de 475 millions d’habitants et de plus de 700 milliards de dollars. Au-delà de ces considérations commerciales, cette nouvelle entrée devrait permettre à la Tunisie d’activer sa percée vers l’Afrique noire. Un projet pour lequel Tunis avait dû réviser sa copie au vu de la farouche concurrence de pays comme l’Allemagne, la Chine, la Turquie, Israël, le Maroc… Pourtant le pays du Jasmin veut croire en sa bonne étoile !