A la tête d’un domaine viticole, Eric Trump, fils du président américain, vient de demander à l’administration fédérale du travail l’autorisation d’embaucher 23 travailleurs saisonniers étrangers de plus. Avec les salaires qu’il propose, il aurait du mal à recruter des Américains.
Voilà une curieuse manière de défendre l’emploi américain. Eric Trump, propriétaire du domaine viticole Trump Vineyard Estates, acheté par son père en 2011, vient de demander l’autorisation au Département du Travail de recruter 23 travailleurs étrangers sur son exploitation. Leur mission: entretenir la vigne puis assurer la vendange.
Il est par ailleurs demandé aux candidats d’être prêts à travailler le plus souvent dehors, sur le domaine, dans des positions peu confortables et par des températures parfois inférieures à 10°C pour 11,27 dollars de l’heure, d’après le site Buzz Feed qui révèle l’information. Cette rémunération est certes plus élevée que le salaire minimum fixé à 7,25 dollars de l’heure aux États-Unis, mais bien en deçà du salaire horaire moyen (23,47 dollars de l’heure).
Le recours au programme H-2A
La main d’oeuvre étrangère est recherchée dans le cadre du programme fédéral de visas H-2A qui s’adresse aux ouvriers agricoles temporaires ou saisonniers venus aux États-Unis pour effectuer un travail d’une durée d’un an ou moins. Cette autorisation de travail est ainsi accordée pour un an et peut être prolongée jusqu’à trois ans. Depuis 2003, 100.000 étrangers bénéficient chaque année de ce statut.
Si le recours à ce dispositif est relativement fréquent, la démarche d’Eric Trump n’en est pas moins déconcertante au regard de la politique menée par son père. Lors de ses discours, Donald Trump n’a cessé de marteler ce qui est devenu l’un de ses slogans les plus célèbres: “America First!” (“L’Amérique d’abord!”). Le jour de son investiture, le milliardaire a par ailleurs affirmé sa volonté d’appliquer “deux règles simples: acheter américain, embaucher américain”.
Mais il faut croire que la famille présidentielle ne s’impose pas un strict respect de ladite règle. Déjà en décembre, après donc la victoire de son père, Eric Trump avait déposé une demande pour embaucher six travailleurs supplémentaires.
D’une façon générale, les entreprises détenues par Donald Trump profitent largement du programme H-2A, employant au moins 286 étrangers depuis juin 2015. Certains de ces saisonniers exerçaient par ailleurs en tant que serveurs ou femmes de ménage dans la luxueuse résidence du président de Mar-a-Lago, en Floride.
Vers une réforme des visas ?
Le comportement ambivalent du Président qui promet de privilégier l’emploi américain tout en recrutant des salariés étrangers pour ses affaires suscite de vives critiques. “Avec Trump, l’hypocrisie n’a pas de limite”, s’insurge par exemple Ral Grijalva, élu démocrate d’Arizona qui demande de meilleures conditions de travail pour la main d’oeuvre étrangère.
Promettant pendant sa campagne de créer de l’emploi pour les Américains, l’administration Trump serait en train de préparer un décret pour réformer les visas et notamment la catégorie H-1B concernant les travailleurs étrangers temporaires qualifiés. Les entreprises high-tech de la Silicon Valley qui ont régulièrement recours à cette main d’œuvre étrangère qualifiée sont vent debout contre cette politique qui menace leur avenir. Les emplois non qualifiés concernés par les programmes H-2A ou H-2B ne devraient, quant à eux, pas être touchés.
Avec bfmtv