Dédié aux liaisons court et moyen-courrier, l’A320 fête ses 30 ans. Dopé par le succès des compagnies low cost et la croissance du marché asiatique, il est bien parti pour surpasser le 737 de Boeing qui détient aujourd’hui le titre d’avion le plus vendu dans le monde.
L’A320, le best-seller d’Airbus, qui a hissé le géant européen au rang de rival de Boeing, fête ses trente ans. “C’est un blockbuster, c’est un avion qui s’est beaucoup vendu car il est positionné sur un segment extrêmement demandé, sur le court et moyen-courrier”, explique à l’AFP Stéphane Albernhe, managing partner chez Archery Strategy Consulting. “La demande s’est accélérée avec l’apparition des compagnies low cost, qui sont de gros clients des moyen-courriers et qui ont connu une croissance très forte”, poursuit-il.
Trente ans après son premier vol d’essai, le 22 février 1987, l’A320, décliné en quatre versions (A318, A319, A320, A321) de 100 à 240 places, est en passe de s’imposer comme l’avion le plus vendu dans le monde. En 2016, “Airbus a réalisé 607 commandes nettes pour la famille A320, contre 550 Boeing pour la famille 737. En termes de dynamique, en tout cas aujourd’hui, Airbus est devant”, souligne Stéphane Albernhe.
Le premier à se doter de commandes électriques
C’est au début des années 80 que le constructeur européen, porté par les réussites de l’A300 puis de l’A310, lance un projet de monocouloir pour des liaisons court et moyen-courrier, moderne et performant. Le futur appareil a alors en face de lui le 727 vieillissant de Boeing, un tri-réacteur gourmand en carburant capable d’emporter 150 passagers, et le 737 du géant de Seattle, un bi-réacteur de plus petite capacité à l’époque et qui demeure aujourd’hui son principal concurrent. Avec l’A320, “Airbus est entré dans la cour des grands. Airbus est devenu le challenger de Boeing”, souligne à l’AFP Bernard Pourchet, ancien chef de division entretien avions chez Air France.
Le génie du constructeur a été de proposer un avion doté de commandes électriques en lieu et place des traditionnelles commandes mécaniques, afin de gagner en poids et en consommation. L’A320 a aussi été conçu pour être piloté à deux, ce qui ne manquera pas de mécontenter certains pilotes. Airbus a enfin introduit le mini-manche latéral pour le pilotage, une première pour un avion de ligne, et le “glass cockpit”, une planche de bord numérisée synthétisant l’ensemble des informations de vol, en lieu et place des traditionnels cadrans. “L’A320 est le premier avion civil au monde à avoir introduit le glass cockpit”, reprend Bernard Pourchet. “Aucun avion n’avait ça à l’époque. C’est ça la grande révolution.”
Plus haut que le 737, l’A320 est aussi plus large et capable d’emporter des containers aéronautiques standard. Modulaire, il permet aux compagnies de réduire les coûts de formation et de maintenance tout en bénéficiant d’avions de capacités différentes pour exploiter leur réseau. Plus moderne que ses concurrents, l’A320 affichait aussi des performances plus séduisantes, notamment grâce au moteurs CFM56, développé par Snecma (Safran) et General Electric.
Une version remotorisée
Pour prolonger ce succès, Airbus a eu un autre coup de génie: proposer une version remotorisée, l’A320neo, offrant une réduction de 15% de la consommation de carburant. Boeing lui a emboité le pas avec le 737Max. “Airbus a très bien senti la nécessité d’améliorer les performances techniques et économiques de l’avion”, pointe Stéphane Albernhe. “Quand un constructeur propose des avions comme l’A320 ou le 737 avec des réductions de consommation de carburant et d’émission de gaz, qui vont plus loin et transportent plus de passagers (…), c’est du pain béni pour les compagnies aériennes”, note-t-il.
Aujourd’hui, l’A320 s’est imposé comme la colonne vertébrale de compagnies comme Air France, American Airlines, China Eastern ou encore les low-cost EasyJet ou AirAsia. Contrairement au superjumbo A380, qui ne rencontre pas le succès escompté, l’A320 est au cœur de la réussite d’Airbus. Il a été commandé à 13.067 exemplaires depuis son lancement, soit presque autant que le 737 de Boeing, de 20 ans son aîné (13.795 commandes). Et depuis son lancement, le “Neo” a capté 60% de son segment de marché. En 2016, “la famille A320 a représenté 83% du total des commandes nettes d’Airbus, relève Stéphane Albernhe. Sans la famille A320, vous n’auriez pas du tout le même (groupe) Airbus aujourd’hui”.