Henri de Castries assure qu’il confiera la gestion de sa fortune à un tiers pour éviter tout conflit d’intérêt. Il dispose encore de près de 43 millions d’euros d’actions d’Axa.
L’ancien PDG d’Axa prépare le terrain. Malgré les déboires de François Fillon, Henri de Castries continue à faire partie des plus proches conseillers du candidat de la droite à l’élection présidentielle. En cas de victoire de l’ancien Premier ministre, il pourrait briguer un ministère comme Bercy, les affaires européennes ou la Défense. Nul doute que son passé à la tête d’Axa cristallisera les critiques.
D’abord sur le risque de conflit d’intérêt en cas d’une réforme de la sécurité sociale qui avantagerait les assureurs, même si, sur ce point, François Fillon a arrondi les angles. Car Henri de Castries détient encore près de 43 millions d’euros d’actions Axa. Ensuite, le candidat de la droite à la présidentielle a travaillé pendant deux pour le compte d’Axa -quand l’ancien patron dirigeait encore le groupe- à sa sortie de Matignon, entre 2012 et 2014. Sa société 2F Conseil a touché 200.000 euros de la part de l’assureur comme l’a révélé BFM Business.
Selon son entourage, Henri de Castries prendra ses dispositions pour lever tous les doutes. “S’il était en mesure d’entrer au gouvernement, son patrimoine serait gelé, assure l’un de ses porte-parole. Il en déléguerait la gestion à un tiers”. L’idée consiste à confier la gestion de ses actions Axa à une banque sans qu’il puisse intervenir. Contrairement à une fiducie qui impose un transfert de propriété, il en conservera la détention pendant son éventuel passage au gouvernement. Mais n’aura pas droit d’agir sur ses actions.
“La structure lui interdira de passer des ordres ou à donner des conseils pour la gestion, ajoute son représentant. Il ne prendra aucun risque”. Sauf qu’Henri de Castries n’envisage pas de vendre ses actions pour couper tout cordon ombilicale avec Axa. “S’il y a une réforme de la sécurité sociale, il sera forcément pointé du doigt” se désole un de ses proches. Même si Henri de Castries transférera la gestion de son patrimoine, il le récupérera après un éventuel mandat ministériel et pourrait profiter -ou pâtir- d’une réforme gouvernementale du système de santé…
Il reste président du premier actionnaire d’Axa
Reste une autre potentielle polémique: sa fortune. En cas d’entrée au gouvernement, il devrait dévoiler sa déclaration de patrimoine comme l’oblige la loi sur la transparence de la vie publique. Parti de l’assureur l’été dernier, il a coupé presque tous ses liens avec le groupe qu’il a dirigé de 2000 à 2016. Il reste néanmoins président des Mutuelles d’Axa, actionnaire de l’assureur à 14%. Et s’il a quitté ses fonctions, il continue à être financièrement lié à Axa.
D’après le rapport annuel 2016, qui sera rendu public en mars, il dispose encore de 1.784.262 actions, valorisées 42,8 millions d’euros au 31 décembre 2016. Un patrimoine qu’il a accumulé pendant toute sa carrière grâce aux plans de stock-options qui lui permettait d’acheter des actions à un prix inférieur au cours de Bourse. Ainsi, en 2016, il a acheté pour 3,2 millions d’euros d’actions à différents prix compris entre 12 euros et 15 euros alors que l’action Axa cote 22 euros…
Déjà en 2015, il avait vendu sur le marché pour 22 millions d’euros d’actions, à des niveaux de cours oscillant entre 22 et 23 euros, pour en racheter 20 millions à des prix nettement inférieurs (entre 12 et 15 euros). Cet avantage dont les grands groupes font généralement profiter les cadres dirigeants lui a permis d’engranger 250.000 actions en plus. Avec la hausse du cours de Bourse d’Axa en 2015, son patrimoine est ainsi passé de 30 à 44 millions d’euros.
Encore 10 millions d’euros de plus-values en stock
Le patrimoine boursier d’Henri de Castries ne s’arrête pas là. Fin 2015, il disposait encore de 2,2 millions de stock-options qu’il pouvait convertir en actions dans l’avenir. Une quantité qui n’a pas augmenté en 2016 puisqu’aucun autre plan ne lui a été accordé: il a annoncé son départ d’Axa en mars dernier. La moitié de ces actions pourront être souscrites à des prix variant entre 12 euros et 15 euros et générer ainsi près de 10 millions d’euros de plus-values supplémentaires…
La générosité d’Axa à l’endroit de son ex-PDG est lié à ses performances. Arrivé à la tête d’Axa en 2000, Henri de Castries a fait exploser les profits de l’assureur qui ont plus que doublé en quinze ans. Le chiffre d’affaires a augmenté de 25% pour flirté avec les 100 milliards d’euros. Moins en vue depuis la crise, le secteur de l’assurance attire moins les marchés. La capitalisation boursière d’Axa est passé de 64 à 54 milliards d’euros entre 2000 et 2016 après avoir grimpé jusqu’à 84 milliards d’euros en 2007, avant que la crise financière n’éclate.
Avec bfmtv