- Historique :
Originaire d’Indo – Malaisie et introduit au début du XXème siècle en Afrique de l’Ouest, le manguier s’est rapidement intégré au paysage local. Sa culture est devenue traditionnelle, et la fonction sociale d’ ‘‘arbre à palabre’’ de cette plante en a favorisé une distribution importante. Il est répandu dans les villages et les villes, dont il orne souvent les avenues. Si les fruits constituent une source potentielle de revenus, les feuilles et l’écorce fournissent des remèdes assez souvent utilisés : les feuilles sont diurétiques et fébrifuges, l’écorce a des propriétés astringentes, antidysentériques, antiblénnoragiques et est un remède classique de la diarrhée.
Jusqu’aux années 80, l’exploitation des manguiers était régie par un système de cueillette.
Depuis l’effondrement des cours mondiaux des principaux produits agricoles d’exportation, un intérêt grandissant a été accordé à la culture traditionnelle du manguier comme culture de diversification. Cet intérêt a été conforté par l’engouement des consommateurs européens, qui reconnaissent à la mangue son statut de fruit exotique, bien mieux qu’à la banane ou à l’ananas, présents depuis très longtemps sur leurs marchés.
Le Projet de Promotion et de Diversification des Exportations Agricoles (PPDEA) a permis à la filière mangue de faire des progrès spectaculaires.
Ces progrès ont été réalisés tant en terme de reconversion variétale pour coller aux exigences des marchés européens, d’augmentation des quantités, que d’amélioration de la qualité des produits exportés. Ainsi, les quantités exportées sont passées de 6 000 tonnes en 1996 à plus de 10 000 tonnes en 2001.
Ces performances ont été obtenues suite à des formations sur la qualité, à la généralisation des centres de conditionnement agréés pour le traitement des mangues.
Pour les exportateurs, toutes ces activités se traduisent par des retours financiers positifs permettant d’investir dans l’amélioration dans l’environnement de la production (entretien et traitement phytosanitaires des vergers, réalisation de pare-feux), de la récolte et du conditionnement.
Cette culture n’est pratiquement plus encadrée depuis la disparition de la SODEFEL.
- Place dans l’économie
Fer de lance de la diversification fruitière de la Côte d’Ivoire, la mangue tient aujourd’hui une place importante pour le développement économique de la région Nord du pays, jusqu’à présent axée essentiellement sur la culture du coton.
La mangue est le troisième fruit exporté par la Côte d’Ivoire après l’ananas et la banane. Ces trois cultures contribuent 3 à 4 % du produit intérieur brut (PIB) national et 8 à 10 % du PIB agricole.
Le secteur ananas-banane emploie 35 000 salariés, engrange 145 à 150 milliards FCFA de chiffres d’affaires, 10 à 12 milliards FCFA de fiscalité directe et indirecte.
Sur les marchés internationaux, la Côte d’Ivoire occupe le deuxième rang des pays fournisseurs de mangue après le Brésil. Aujourd’hui, la mangue fait partie des cinq fruits les plus consommés dans le monde après l’orange, la banane, le raisin et la pomme.
La crise ivoirienne a occasionné en 2002 environ 3 milliards de perte pour ce fruit dont l’exportation procurait 7 milliards par trimestre aux populations du Nord avant le conflit armé.
Production
Superficie et typologie des exploitations
Le verger de manguier en Côte d’Ivoire occupe au total environ 46 000 ha reparties de la façon suivante :
Superficie en cultures principales | Superficies dévéloppées (principale+sécondaire + tertiaire) |
|||||
Lacs | 20 521 | 44,71 | Lacs | 20 708 | 35,51 | |
Lagunes | 10 387 | 22,63 | Lagunes | 11 548 | 19,80 | |
Savanes | 10 913 | 23,78 | Savanes | 16 489 | 28,27 | |
Denguélé | 1 212 | 2,64 | Denguélé | 2 628 | 4,51 | |
Moyen Comoé | 1 049 | 2,29 | Moyen Comoé | 1 049 | 1,80 | |
Val du Bandama | 1 032 | 2,25 | Val du Bandama | 1 159 | 1,99 | |
Agneby | 384 | 0,84 | Agneby | 701 | 1,20 | |
N’zi Comoé | 185 | 0,40 | N’zi Comoé | 301 | 0,52 | |
Zanzan | 88 | 0,19 | Zanzan | 143 | 0,25 | |
Moyen Cavally | 82 | 0,18 | Moyen Cavally | 407 | 0,70 | |
Autres régions | 41 | 0,09 | Autres régions | 3 184 | 5,46 | |
Total | 45 894 | 100,00 | Total | 58 317 | 100,00 |
Rendements et productions
Etant donné les conditions dans lesquelles ils sont implantés et cultivés, les manguiers ont un rendement maximum de trois à sept tonnes par hectare, c’est-à-dire le 1/3 de celui que permettraient des conditions optimales de culture (10 à 15 T/Ha pour la variété Kent, 15 à 20 T/Ha pour les variétés Keitt et Palmer). Les densités de plantation restent très variables, avec 100 à 200 plants à l’hectare.
La production de mangues est diversifiée ; les variétés non greffées ne sont plus guère retenues, alors que les variétés greffées, plantées en vergers sont au nombre d’une trentaine. Chez les planteurs ivoiriens, on trouve le plus souvent les variétés suivantes : Amélie (80 %), Kent, Keitt, Palmer, Smith, Brooks, Valencia, Early Gold, Ruby, Zill, Spring field, Beverly et Julie. Mais, la tendance actuelle est à la plantation des variétés Keitt et surtout Kent qui s’exportent bien, et bénéficient d’une forte demande sur le marché local. Grâce à cette gamme de variétés, la récolte s’étale sur quatre mois. Elle débute en Mars avec la variété Amélie et se termine en juin, voire juillet avec la variété Broocks.
La production actuelle de mangue est assurée essentiellement par des petits producteurs individuels dont les superficies cultivées varient entre 2 à 3 ha et des coopératives la production dans le Nord de la Côte d’Ivoire. A cette production, s’ajoutent celles provenant de deux plantations de type industriel de 60 et 350 ha.
Zones de production
La Côte d’Ivoire dispose d’un important verger de manguier traditionnel et de quelques plantations de type moderne.
Ce verger est principalement concentré dans la zone Nord du pays, notamment dans les régions de Korhogo, Sinématiali et Ferkéssédougou (2000 ha) ; Boundiali (200 ha), Odienné (150 ha) et Bouaké (1500 ha).
Cette zone est très favorable à la culture de la mangue en raison de la bonne alternance qui existe entre saisons sèches et saisons humides.
NB : La majeure partie de ces vergers se situe aux environs immédiats des villes, et le long des axes routiers ou de pistes praticables.
Transformation
Les fruits sont utilisés dans la fabrication de boissons (jus, sirop), de concentrés (gelée, confiture). Ils sont beaucoup plus utilisés sous forme de fruits de bouche.
Produits de la transformation et quantités
Au titre du programme de diversification des productions du complexe industriel de concentré de tomate de Sinématiali, un programme complémentaire de production de pulpe de mangue destinée à l’exportation avait été initié. Mais, cette production aux bonnes perspectives d’écoulement à l’exportation est arrêtée depuis la cessation des activités du complexe en 1985.
Les produits dérivés :
– concentré à 62°brix
– pulpe à 25 – 0°
– cubes de mangues pour les fabricants de yaourts et de crèmes glacées.
Unités de transformation (usines, localisation, etc.)
La transformation par l’unité SODEFEL de Sinématiali dont la capacité de traitement était de 40 tonnes / jour durant deux mois. Cette usine est fermée depuis plusieurs années.
Commercialisation
La campagne de mangues en Côte d’Ivoire part de Mars à Juin, avec un pic le mois d’Avril.
Elle commence avec l’Amélie et le Zill, deux variétés à calibre moyen mais largement disponibles sur les marchés. Vient ensuite la variété Kent, la plus grosse et la plus connue qui représente 40 à 50% des exportations de mangues du pays. Cette variété de mangue subit une forte concurrence de la part de l’Amélie.
La production de mangue s’écoule par l’intermédiaire de plusieurs circuits relativement indépendants les uns des autres.
- Commercialisation intérieure
Le premier des circuits aboutit à la consommation locale du produit. Il porte sur des quantités très importantes.
Le second intéresse le marché de gros ; il est le fait de commerçants privés, et reste très difficile à quantifier. La distribution à l’intérieur du pays est très mal organisée et de nombreuses régions ne consomment jamais ou à des prix excessifs, les mangues du nord. Le coût du transport est pour partie responsable de cette situation, au même titre que les marges importantes des intermédiaires.
La mangue est commercialisée essentiellement dans les centres urbains au prix moyen de 200 FCFA/kg.
- Commercialisation extérieure
Principalement destinée à la consommation locale jusque dans les années 80, la production de mangue est aujourd’hui tournée vers l’exportation. Depuis les années 90, les volumes exportés ont évolué jusqu’à atteindre 10 000 tonnes avant la crise de 2002.
La mangue a les mêmes contraintes de commercialisation que l’ananas et la banane. Dès lors, elle fait partie du créneau des exportations de l’ananas et la banane et est considéré comme le 3ème fruit exporté par la Côte d’Ivoire.
La commercialisation est assurée par les mêmes structures de production et d’exportation que l’ananas (BANADOR, CFA, KATOPE, SOCOFRUIT, …).
Sur le marché international, ces variétés sont en concurrence avec des mangues de diverses origines notamment les USA, le Mexique et le Venezuela. La campagne de commercialisation commence avec l’Amélie et le Zill. Ensuite, vient la variété Kent, la plus grosse et la plus connue qui représente 60 à 70% des exportations de mangue du pays. Enfin, les productions des variétés Palmer, Keit et Brooks achèvent la saison
Les prix à l’exportation de la mangue se situent autour de 600 FCFA/Kg. Ils subissent aussi des fluctuations continues suivant l’offre disponible et la période de leur livraison sur les marchés étrangers.
Pertes de récolte
La filière mangue subit les pertes considérables entre production exportable et exportations. Les pertes post-récolte sont en effet estimées à environ 30 à 35% de la production totale (soit 16 500 tonnes perdues en 2001, pour l’équivalent de 3,3 milliards de FCFA/an).