Avec 46% des importations africaines et 3,7% des importations mondiales d’armement sur la période 2012 à 2016, l’Algérie se hisse au rang de plus grand importateur d’armes en Afrique et le 5e au niveau planétaire. C’est ce que révèlent les nouvelles données sur les transferts d’armement rendues publiques ce lundi 20 février par le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI). D’après le document, les importations du continent ont baissé de 6,6% sur la même période alors que le volume des transferts internationaux d’armes majeures est en constante augmentation depuis 2004 et il a même augmenté de 8,4 % entre 2007-11 et 2012-16.
Cette baisse en régime des importations africaines cache cependant des disparités en fonction des régions et des pays. Ainsi, au Maghreb, l’Algérie est talonnée par le Maroc qui s’adjuge 15% des parts des achats du continent. En Afrique subsaharienne, les principaux importateurs sont le Nigeria, le Soudan et l’Éthiopie, des pays qui « se trouvent tous dans des zones de conflit » selon la note de SIPRI.
Au niveau mondial, c’est l’Inde avec 13% des importations mondiales qui arrive en tête du classement 2017 de SIPRI, suivie de l’Arabie Saoudite (8,2%), les Émirats (4,6%), la Chine (4,5%) et l’Algérie (3,7%).
Course à l’armement
En 10 ans, relève le SIPRI, les ventes d’armes ont augmenté de 8,4% dans le monde en raison notamment d’une hausse assez importante des achats par les pays asiatiques surtout ceux du Moyen-Orient. En Afrique, la baisse enregistrée sur les importations s’explique en grande partie par la crise économique que traversent plusieurs pays qui faisaient office de grands dépensiers sur le marché international des armes. En 2016 déjà, le SIPRI a fait cas d’une baisse des dépenses militaires sur le continent. Elles ont ainsi diminué de 5,3 %, après 11 ans de hausse constante des dépenses et selon l’institut dont les analyses en matière de vente d’armes sont une référence au niveau mondial, « cela est principalement dû à la forte réduction par l’Angola, le plus grand dépensier en Afrique subsaharienne, suite à la forte chute des cours du pétrole ».
La tendance pourrait également s’inverser sur les prochaines années au vue des perspectives sur ce marché qui est surtout porté par la multiplication des conflits sur le continent. Avec l’amplification des menaces terroristes qui prend de plus en plus de l’ampleur en Afrique, beaucoup de pays comptent rehausser leurs dépenses militaires dans les prochaines années à travers l’achat de moyens plus sophistiqués. L’Egypte a par exemple signé, dernièrement, plusieurs contrats avec la France ou la Russie pour se fournir en moyens militaires supplémentaires, ce qui la positionne également comme un important importateur du continent.
Il y a quelques jours, un rapport du Strategic Defence Intelligence, un centre américain spécialisé sur les questions de l’industrie mondiale de la défense, a fait également part des ambitions du Maroc de rehausser ses dépenses militaires. Selon le rapport, bien que les dépenses du pays aient diminuées entre 2013 et 2017, passant de 3,8 à 3,4 milliards, elles pourraient atteindre 3,9 milliards de dollars en 2022.
Plusieurs autres pays du continent sont également sur la même tendance même s’il faudrait souligner la différence en terme de volume et donc de facture à régler.
La Chine monte en puissance
Cette dynamique qui prend l’allure d’une nouvelle course à l’armement fait l’affaire des plus grands exportateurs de matériels et d’équipements militaires au monde. Il s’agit des USA, de la Russie, la Chine, la France et l’Allemagne. Si les Etats-Unis continuent à mener la danse en matière d’exportations d’armes, avec un tiers des ventes mondiales, la Russie et surtout la Chine avancent leurs pions sur le continent. La Russie est un important fournisseur de l’Algérie et la Chine, 3e vendeur mondial d’armement a considérablement augmenté ses ventes en Afrique avec une progression de 122% entre 2012 et 2016.
Il est vrai que l’Afrique du Sud est le seul pays du continent à disposer d’une véritable industrie en matière d’armement et d’équipement militaires et reste donc le seul pays exportateur d’armes du continent sur les 57 recensés par le SIPRI.