Où va se nicher la croissance cette année ? Et quels seront les secteurs à la pointe des créations d’emplois ?
Sur le papier, le défi est simple, il suffit de trouver les activités où la croissance sera forte. Mais cela ne suffit pas, il faut qu’elles soient à la fois riches en emplois, qu’elles fassent suffisamment masses et aient un rôle d’entrainement. Cela ne va finalement pas de soi.
Parmi les très gros morceaux, le commerce et ses plus de 3 millions de salariés, soit près de 13% de l’emploi total salarié en France. Et tout le monde de penser à la formidable dynamique du e-commerce. C’est vrai que cette activité affole le compteur de la croissance avec une moyenne annuelle de 15% depuis 2001, mais avec finalement peu d’emplois à la clé. Entre 2000 et 2016 près de 270 000 emplois ont été créés dans le commerce, un chiffre à comparer aux 45 000 emplois environ du e-commerce. En partant de l’hypothèse qu’ils ont tous été générés depuis le début des années 2000, cela explique moins de 17% de la hausse. Ce sont donc les formes traditionnelles du commerce, et leurs déclinaisons « omnicanal », qui drainent encore l’essentiel des créations d’emplois. Avec le ralentissement de la consommation, les créations devraient ralentir aussi mais la barre des 20 000 devrait rester à portée de main.
Autre grand créateur d’emplois, l’ensemble « action sociale, hébergement médico-social », un vaste fourre-tout à la limite du secteur marchand et non marchand, mais qui pèse lourd en termes de création d’emplois. Cette activité bénéficie de son fort ancrage territorial et de la montée des besoins liés à la dépendance et à la vieillesse : 20 000 nouveaux emplois nets devraient y être à nouveau créés et la barre du million de salariés dépassée cette année. Avec néanmoins ce bémol : certaines entreprises ne font que consolider et organiser l’emploi émietté de leur secteur qui relevait majoritairement d’une logique de gré à gré.
2017, le grande retour de deux secteurs traditionnels
D’abord celui du BTP et ses 1,6 million d’emplois, soit 6% de l’emploi total. Bonne nouvelle, l’activité s’accélère sur tous les compartiments de marché. Côté bâtiment, le neuf est sur une pente croissante aussi bien dans le logement que dans la construction d’autres locaux. De plus, les perspectives sont bonnes, avec une demande de permis de construire encore plus haute. Comme l’ancien est à l’unisson, tous les moteurs poussent dans le même sens. Les travaux publics sont dans la même séquence notamment grâce à l’envolée des prises de commandes liées aux projets du Grand Paris et au plan de relance autoroutier. Or, dans les bonnes années (comme 2006 ou 2007), le BTP est capable de générer à lui seul environ 75 000 créations nettes d’emplois. Nos prévisions seront beaucoup plus modestes. D’abord parce que le BTP sort d’une crise terrible. Il faut donc que la croissance s’installe, que les effectifs tournent à plein avant de refaire le plein d’embauches. Ensuite, cela passera avant par la case intérim. C’est déjà le cas avec un nombre d’intérimaires en hausse de 10% environ en 2016. Cela laisse espérer aux moins 15 000 créations nettes d’emplois cette année et c’est sans compter les emplois induits, notamment de la filière des matériaux de construction.
Dans l’industrie, c’est une fois de plus dans la filière transport, au sens large, que les espoirs reposent, avec l’automobile et la filière aéronautique en poissons-pilotes. Comme pour le BTP, la case préliminaire c’est l’intérim. Comme pour le BTP, la fabrication de matériel de transport a connu une année 2016 difficile en matière de création d’emplois, mais c’est là aussi où le taux de recours à l’intérim est le plus élevé et où la progression a été la plus forte en 2016. Ce n’est qu’une première étape ; la création de 10 000 emplois est une cible atteignable cette année.
On peut s’étonner de l’absence des activités BtoB, notamment celles à forte valeur ajoutée. Mais il faut intégrer dans l’équation le volet automatisation de la révolution numérique. Les algorithmes sont susceptibles de prendre en charge un champ de plus en plus large d’activités humaines avec à la clé des disparitions de postes et une bipolarisation de l’emploi.
De même, la numérisation, le développement continu des nouvelles technologies créent de nouveaux besoins donc de nouvelles compétences et de nouveaux métiers, mais il ne faut pas oublier que le centre de gravité reste l’ancienne économie et que c’est encore là que se situent massivement les emplois et la création de richesse en France.
Avec latribune