Les villes africaines seraient surpeuplées, déconnectées et coûteuses selon la Banque mondiale. En effet, une majeure partie des cités du continent pâtissent d’une faiblesse de la densité économique. Ce qui implique que les investissements en infrastructures et en industrie n’ont pas suivi le rythme de la concentration de la population, tout comme les investissements en matière de logement de masse.
Des villes chères et qui manquent d’emplois
Les villes africaines se sont par ailleurs, développées sous la forme d’un ensemble de petits quartiers fragmentés, sans de réels moyens de transports fiables. Une situation qui se traduit par une limitation en termes d’accès à l’emploi pour les habitants de ces quartiers. Les entreprises pour leur part, peinent à tirer parti des économies d’échelles de ces agglomérations.
Pour la banque mondiale, 55% des ménages africains doivent faire face à des coûts plus élevés par rapport au PIB/habitants que d’autres régions. L’essentiel de leurs dépenses sont consacrées au logement. D’ailleurs, les villes africaines connaissent une fragmentation supérieure à 20% par rapport à celles des villes asiatiques et latino-américaines.
Les zones urbaines africaines abritent une population de 472 millions d’habitants ! Une population qui est appelée à doubler lors des 25 prochaines années. En effet, les plus grandes villes du continent affichent un taux de croissance en termes d’habitants de 4% par an. Pour assurer le développement économique de ces ensembles urbains, l’augmentation de la taille des villes n’est pas suffisante. Les métropoles devront relever le défi d’une ouverture au monde.
Synergie entre le local et le national
Une ouverture qui passe par le développement d’une production manufacturière voire d’autres biens et services exportables surs les marchés régionaux et mondiaux. Etablir cette base représente un premier pas pour attirer des IDE dans la production de biens et services exportables, ce qui permettra au passage d’accroître les économies d’échelles.
Un scénarii jugé « réalisable » par les experts de la banque mondiale, tant que les responsables municipaux et nationaux réussissent à établir une réelle synergie. Ce qui implique de traiter en priorité les contraintes institutionnelles et réglementaires qui entraînent des anomalies dans l’affectation des terrains et la répartition du travail. S’y ajoute une fragmentation de l’aménagement du territoire, assortie à une limitation de la productivité.
La mise en place de marchés fonciers et de réglementation efficace représentent également un préalable à un réel démarrage économique. Sachant que la décision d’une entreprise de produire des biens et des services exportables à l’international dépend des coûts de ses intrants, dont une majeure partie est constituée de coûts urbains. Ces derniers incluent le loyer, les dépenses des trajets domicile-travail et le prix des biens de consommation.
Ces coûts urbains exercent à leur tour une pression qui pousse à la hausse des salaires nominaux. Ce qui implique une perte de compétitivité des entreprises dans leurs secteurs respectifs et un frein à l’exportation. Du coups les entreprises ne produisent plus que des biens et des services non échangeables qui sont gangréné par l’informel.
Tout le défi pour les villes africaines réside dans l’établissement d’une synergie entre dirigeants municipaux et nationaux d’un côté et entre secteurs privés et publiques de l’autre. Des rapprochements qui faciliterait l’inclusion urbaine et économique des citadins de manière à attirer les IDE et faire des villes de réels pôles de compétitivité qui pourrait donner lieu à des bassins commerciaux et industriels avec une projection régionale et internationale.