IHS Markit chiffre à 12,3 trillions de dollars l’apport de la 5G à l’économie.
La France doit faire preuve de volontarisme pour ne pas être en retard.
Les chiffres sont énormes et on peine à y croire. Mais le cabinet anglais IHS Markit évalue à 12,3 trillions, autrement dit plus de 12.000 milliards de dollars, l’apport de la 5G à l’économie mondiale en 2035. « C’est presque l’équivalent de la consommation américaine en 2016 et plus que celle de la Chine, du Japon, de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de la France combinés, l’an dernier », souligne l’étude.
La 5G, qui doit voir le jour fin 2019, promet de multiplier par 1.000 la performance des réseaux. Et de porter l’essor de l’internet des objets. IHS a passé en revue les secteurs pouvant le plus bénéficier de cette technologie. Automobile, santé, finance, télécoms… (voir graphique), tous vont en profiter. Et c’est la somme des contributions de la 5G à ces secteurs qui donne le chiffre de 12,3 trillions.
IHS Markit
L’étude prévoit en outre la création de 22 millions de nouveaux emplois. Soit, l’équivalent de la population de Pékin ! 85 % des Européens sondés par IHS estiment que de nouvelles industries vont émerger, liées aux bénéfices apportés par la 5G. Et, que 88 % de nouveaux services et produits vont être inventés grâce à la 5G, souligne IHS qui a interrogé plus de 3.500 décideurs et spécialistes de la technologie.
La France déjà en retard ?
Autre chiffre : la 5G devrait générer pas moins de 3,5 trillions de dollars de revenus en 2035, ce qui représente le PIB de l’Inde. C’est la Chine qui en profitera le plus, avec 984 milliards de dollars, devant les Etats-Unis (719 milliards). En Europe, l’Allemagne, dont la force de l’industrie n’est plus à prouver, devrait être la grande gagnante : 202 milliards de revenus et 1,2 million d’emplois créés. Outre-Rhin, on avait déjà été les premiers à lancer les enchères pour la 4G…
La France, elle, n’attend « que » 85 milliards de revenus et près de 400.000 emplois nouveaux. Le Royaume-Uni est derrière elle en revenus (76 milliards), mais devant en emplois (605.000). Et, outre-Manche, la 5G, c’est plutôt bien parti : le régulateur prévoit de mettre à disposition les premières fréquences dès cette année. Alors que dans l’Hexagone, des voix s’élèvent déjà pour pointer le retard. Déjà, pour la 4G, la France ne comptait pas parmi les bons élèves. « Il va falloir un vrai travail de fond de l’Etat et du régulateur pour que la France ne soit pas en retard pour le déploiement de la 5G, explique Laurent Fournier, DG de Qualcomm France. Les pouvoirs publics français ne sont pour l’heure pas très actifs par rapport à l’Allemagne ou même l’Italie. Les Italiens sont à fond sur la 5G, comme rarement on les a vus. »
L’étude IHS démontre qu’il y a une attente forte des bénéfices espérés de la 5G. « Je ne pense pas qu’il y ait de survente, affirme Laurent Fournier. En revanche, il existe une préoccupation très nette sur la capacité à investir, notamment en France. » IHS pointe, notamment, l’inquiétude des sondés pour l’économie globale de leur pays, si la 5G devait y être déployée trop tardivement, par rapport au reste du monde. 76 % des Anglais et 73 % des Français redoutent ainsi d’être moins compétitifs. A l’inverse, seuls 59 % des Allemands souffrent des mêmes maux.
Pour l’heure, dans le monde, ce sont la Corée et le Japon qui sont les plus avancés. Les Jeux Olympiques de Pyeongchang, en Corée du Sud, vont, d’ailleurs, faire office de premier terrain d’expérimentation pour la 5G. En Europe, c’est la Finlande et la Suède qui font la course en tête. C’était déjà le cas pour la 4G et, manifestement, tous deux sont plutôt bien partis pour recréer une dynamique de leadership en 5G.
Avec Les Echos