Les pays étrangers accumulent les dettes auprès des hôpitaux français. Si les pays africains ne sont pas les seuls, l’Algérie et le Maroc arrivent en tête du classement des mauvais payeurs.
120 millions d’euros. C’est le montant de la dette accumulée par les pays étrangers à la fin de l’année 2014 à l’égard de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), selon le bilan de la commission médicale d’établissement (CME) publié début juillet. Cette somme représente le double du déficit du compte principal de l’AP-HP en 2014 qui s’élève à 49 millions d’euros.
L’Algérie est en tête du classement des mauvais élèves avec une dette de 31,6 millions, suivie du Maroc (11 millions) et des États-Unis (5,7 millions). S’ils ne sont pas les seuls, de nombreux autres pays africains apparaissent dans la liste des emprunteurs. Parmi eux, on retrouve le Cameroun, le Gabon, le Sénégal, l’Egypte ou encore le Congo.
La capitale parisienne attire de nombreux patients dans ses hôpitaux publics et ses cliniques privées. Parmi les plus illustres, le président Algérien Abdelaziz Bouteflika qui se rend régulièrement à l’hôpital du Val de Grâce depuis son AVC en 2013. Ses ministres ne sont pas en reste, à l’instar d’Abdelkader Khomri, ministre de la Jeunesse et des Sports admis quelques jours début juillet dans un hôpital parisien, ou encore le ministre de l’Intérieur Tayeb Belaïz. La dernière arrivée remarquée est celle de l’épouse du sénateur et ex-colonel Tahar Zbiri, venue le 8 juillet à Paris dans un avion affrété spécialement par la présidence algérienne.
La dette des pays étrangers se partage entre le crédit des particuliers, celui des organismes de santé étrangers et des ambassades à Paris. Les particuliers sont ceux dont l’emprunt est le plus important, or, comme expliqué dans le bilan de la direction en commission médicale d’établissement, il est impossible de poursuivre les étrangers une fois retournés chez eux. Par ailleurs, certaines ambassades cumulent également les crédits auprès de l’AP-HP à l’instar de l’ambassade d’Algérie en tête, celle du Maroc ou de l’Arabie Saoudite avec plus de trois millions d’euros de dette pour la chancellerie seulement.
L’Algérie a doublé sa dette
Face à des crédits qui ne s’amenuisent pas, l’AP-HP a proposé en interne un plan d’action pour éviter de nouveau ce genre d’excès. En effet, l’Algérie a presque doublé sa dette en deux ans, passant de 16 millions d’euros d’impayés fin 2012 à plus de 30 millions d’euros en 2014. Si la dette du Maroc d’environ 11 millions a stagné, celle de la Tunisie s’est presque multipliée par cinq, passant de un million en 2012 à 4,7 millions d’euros en 2014. D’ailleurs, entre 2010 et 2014, le nombre de séjours liés à l’accueil des patients étrangers a augmenté de 9.8%.
Afin d’alléger l’emprunt, la direction en commission médicale d’établissement a proposé que les patients non résidents en France payent désormais leurs frais hospitaliers à l’avance sur présentation des devis et surfacturés de 30% pour les interventions programmées. Elle propose également de ne plus prendre en compte la prise en charge par des organismes étrangers et par conséquent d’annuler de nombreux accords bilatéraux en matière de santé. Seuls quelques accords privilégiés seront conservés avec l’assurance maladie tunisienne ou encore la mutuelle des forces armées royales du Maroc.
La nouvelle stratégie devrait être adoptée au 1er septembre 2015 pour tous les résidents à l’étranger, de nationalité étrangère ou française.
Avec Jeune Afrique