La base de données des Nations Unies est un repère solide et fiable pour mesurer les pays et régions entre elles. Parmi l’ensemble des analyses produites récemment, les tendances en matière de flux migratoire ont retenu mon attention. Sur 25 années d’études, on y apprend notamment que le nombre de migrants s’est apprécié de 42%, passant de 172 millions à 244 millions de personnes. Cela n’a à première vue rien d’extraordinaire, lorsque l’on sait que dans le même temps, la croissance de la population a été de 37% environ. Sur 100 personnes, un peu plus de 3 ont donc «la bougeotte» et partent vivre à l’étranger, généralement pour des raisons professionnelles.
La question que nombre de dirigeants se posent probablement est la suivante: vers quel pays ces personnes se trouvent-elles ?
La question est importante. On part dans l’espoir d’un avenir meilleur: l’emploi reste la principale motivation de ces personnes. La qualité de vie, l’environnement, les taxes, le climat ou encore la santé sont également des critères déterminants. Les expatriés sont un indicateur de la santé et du degré d’ouverture d’un pays.
Dans cette compétition entre Etats, l’Afrique apparaît comme une région de plus en plus attractive: en 25 ans, les migrations intra continentales ont augmenté d’environ un tiers, et le continent attire également beaucoup d’Européens, d’Américains et d’Asiatiques sur son sol. Cependant, la répartition des expatriés est loin d’y être équitable.
Les trois destinations les plus populaires
L’Afrique du Sud est sans contexte le principal pays hôte des expatriés occidentaux ou asiatiques en Afrique en accueillant près de 700.000 expatriés non africains. Le pays reste bon premier de la classe, à l’échelle continentale et a même augmenté l’écart avec ses partenaires africains, puisqu’il n’accueillait, à la fin du régime de l’apartheid, «que» 43% des expatriés, contre 54% désormais.
Le deuxième plus gros contingent d’expatriés non Africains se trouve en Egypte (88.000), puis vient le Maroc (42.000). Le Maroc a notamment vu une croissance de 70% du nombre des expatriés en 25 ans. Un bon environnement économique, une stabilité politique, un climat agréable, une proximité avec l’Europe et un coût de la vie plus faible attirent de plus en plus de professionnels et de retraités dans le pays. L’Egypte, quant à elle, possède des données en trompe l’œil: si le pays compte plus d’expatriés qu’en 1990, on constate également qu’entre 2010 et 2015, plus de 13.000 d’entre eux ont quitté le pays, du fait de la grave crise politique et économique liée à la destitution du président Morsi.
L’impressionnant attrait du Botswana
Quatrième au classement, le Botswana est probablement la grosse surprise de l’étude. Malgré une économie récemment touchée par la baisse du prix des matières premières, le Botswana est le quatrième pays d’accueil pour les expatriés non Africains. Le pays se classe au deuxième rang de l’index Ibrahim en matière de bonne gouvernance en Afrique et fait figure de modèle en matière de stabilité politique et sociale. Les expatriés non Africains sont chiffrés à 32.000…contre 8.800 en 1990! L’on y trouve notamment plus de 9.000 Indiens, un chiffre largement supérieur à la communauté chinoise ou anglaise.
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Maurice, la Guinée et le Mali connaissent également un franc succès auprès des expatriés non-Africains. Maurice, tout comme le Botswana, a connu un fort développement économique, mais a procédé plus tôt à une diversification de ses revenus, à travers notamment le secteur de la finance, des NTIC et du tourisme. Maurice est le premier pays africain dans le classement de l’Indice de développement humain et connait, également, une stabilité économique et politique rassurante pour les investisseurs et les étrangers. En conséquence, le pays a enregistré une croissance de 700% du nombre de ressortissants étrangers sur son sol entre 1990 et 2015.
Certains pays ont connu une nette baisse du nombre de ses ressortissants non africains durant ces 25 dernières années: Le Sénégal, le Zimbabwe, le Cameroun et la Namibie sont les pays les plus impactés. L’indépendance de la Namibie en 1990, la crise économique et politique au Zimbabwe, le développement de bassins de talents locaux, le sentiment d’insécurité ou le ralentissement des échanges économiques sont autant d’éléments freinant l’accueil d’une communauté d’expatriés. Plus généralement, une concurrence plus grande de la part d’autres pays africains contribue à rebattre les cartes sur le continent. Une chose est certaine cependant: les ressortissants britanniques et français restent majoritaires parmi les expatriés non Africains.