Le cabinet français « UP2US » Consulting, conseiller du gouvernement camerounais pour réformer les sociétés d’Etat décrie entre autres les ingérences politiques directes, la passivité totale ou de la distance de l’Etat actionnaire.
L’Etat est conscient lui-même qu’il a peu ou prou des entreprises performantes. Raison pour laquelle, le 7 juin 2016, le gouvernement a organisé une séance de coaching d’une dizaine d’entreprises pour qu’elles puissent être capables, elles-mêmes, de pouvoir lever les fonds sur les marchés financiers et procéder à des investissements de développement. Mandat de cette mission a été donnée au cabinet français « UP2US » de proposer des réformes pour les entreprises publiques au Cameroun. Le diagnostic du cabinet français était en lui-même, une forme rhétorique de propositions de réformes. « UP2US » regrette dans son constat que, les entreprises publiques affichent régulièrement des performances médiocres, certaines d’entre elles étant des gouffres financiers portés à bout de bras par les subventions publiques. Et de manière générale, l’Etat a parfois du mal à trouver l’équilibre entre recherche de rentabilité et qualité de services publics.
« UP2US » pose la question de savoir quels sont les challenges spécifiques que supportent les entreprises publiques camerounaises en matière de gouvernance ? Le cabinet lui-même répond que la première difficulté tient au fait que les entreprises publiques peuvent souffrir au moins autant d’ingérences politiques directes indues que de la passivité totale ou de la distance de l’Etat actionnaire. Entre usager et la direction de l’entreprise peut s’interposer un millefeuille d’intermédiaires (les élus, via le parlement, le gouvernement et la bureaucratie politique). Ce qui tend à accroître la latitude discrétionnaire des dirigeants des entreprises publiques. On assiste souvent à une dilution des responsabilités.
« Les dirigeants peuvent se retrancher derrière les impératifs de service pour justifier des performances médiocres. L’indépendance du conseil d’administration est bien souvent illusoire : nomination du président du CA pour des services rendus à l’Etat, fonctionnement bien souvent influencé par les sphères politiques », relève le cabinet d’étude. Qui note également que le pouvoir de contrôle dans ces sociétés d’Etat est faiblement exercé par les administrateurs en l’absence d’incitation et d’absence de responsabilité personnelle, à cause d’une proximité souvent très forte entre les administrateurs et les dirigeants liée à des origines éducatives ou professionnelles communes.
Enfin, UP2US Consulting indique que les lois du marché (pression concurrentielle, risque de l’offre publique d’achat), ne jouent pas leur rôle de force de rappel, y compris pour le marché des dirigeants. En d’autres termes, des dirigeants sont maintenus malgré des résultats médiocres.
Avec quotidieneconomie