Il est plutôt rare de trouver une technologie spécifique au continent africain. L’USSD (Unstructured Supplementary Service Data) est un de ces ovnis méconnu dans la plupart des pays de l’OCDE.
Comment ça marche ?
Il s’agit d’une connexion en temps réel entre l’opérateur téléphonique et l’utilisateur qui permet l’envoi et la réception de données. Contrairement au SMS, les données ne sont pas stockées et sont seulement accessibles lors de l’ouverture de la session. L’utilisateur renseigne un numéro court et accède à un menu contextuel dans lequel il peut naviguer grâce aux touches de son téléphone.
Avec l’apparition du paiement mobile à partir de 2007, les opérateurs se sont rendus compte du potentiel économique de l’USSD : alors que 99% des téléphones sont compatibles, c’est le moyen idéal pour toucher un marché de masse tant que l’internet mobile n’a pas pénétré suffisamment les populations.
Le développement de nouveaux services
À partir de 2010, certains opérateurs ont donné accès à leur technologie. LittleCab utilise ainsi l’USSD de Safaricom au Kenya pour permettre à ses clients de commander un taxi. Parmi les opérateurs les plus innovants dans le domaine, Orange a mis en place un store pour les développeurs dans 6 pays (Égypte, RDC, Mali, Cameroun, Côte d’Ivoire, Sénégal). Par exemple, M-Louma, fondée par Aboubacar Sindy Sonko en 2012, est une bourse agricole qui utilise le store USSD d’Orange au Sénégal.
Les barrières à l’entrée
Cependant, les barrières à l’entrée sont importantes. Au Pakistan, les opérateurs refusent l’accès à l’USSD aux services financiers concurrents. De plus, le cadre réglementaire pour l’accès à l’USSD est parfois prohibitif : Lanre Adeloye, cofondateur de la startup nigérianne SaferMom, explique ainsi qu’il faut attendre un minimum de 6 semaines pour obtenir le numéro court de la part de la Nigerian Communications Commission (NCC). Enfin, certains opérateurs n’ont pas les moyens techniques de facturer l’utilisation de l’USSD, les plateformes n’étant pas prévues pour une utilisation externe à l’origine.
Les gateways ont fait leurs preuves dans les pays anglophones
Les entreprises spécialisées dans l’envoi et la réception de SMS ont également identifié le potentiel économique et ont proposé à partir de 2011 des gateways afin d’agréger l’USSD des opérateurs téléphoniques. Elles proposent à d’autres entreprises de pouvoir créer un menu et d’utiliser la technologie USSD sans avoir à négocier avec chaque opérateur l’accès à leurs plateformes.
Parmi ces entreprises, Clickatell, txtNation et Infobip dominent le marché. Elles ont ainsi permis à de nombreux services indispensables aux citoyens de voir le jour, mais seulement dans les pays anglophones où la culture de la concurrence est plus ancrée (Nigeria, Kenya, Tanzanie, Ouganda, Afrique du Sud…).
L’avantage des gateways est triple :
- Un seul interlocuteur pour l’entreprise qui souhaite développer un menu USSD ;
- l’entreprise de gateway négocie des tarifs de gros avec les opérateurs ce qui permet de réduire les coûts d’utilisation du service ;
- les gateways développent des outils simples et intuitifs pour permettre un lancement à très court terme pour les entreprises.
Afin de favoriser le développement de l’USSD, les autorités de régulation pourront se saisir du sujet pour permettre aux populations de bénéficier des services à valeur ajoutée qui émaneront, notamment dans les pays francophones.