Un article paru dans le Washington Post, et basé sur une étude suédoise, classe la France comme le pays le plus raciste d’Europe.
Très peu de données fiables existent sur le racisme et lorsque enfin des études sont publiées, les variables convoquées pour l’évaluation ne permettent pas de conclusions solides. C’est le cas de cette récente “cartographie du racisme.”
Les économistes suédois Niclas Berggen et Therese Nilsson ont cherché à savoir s’il y avait une corrélation entre la liberté économique et le niveau de tolérance.
Pour ce faire, les habitants de dizaines de pays sur tous les continents ont été priés de dire quelles personnes ils ne voudraient pas avoir comme voisins. Parmi les réponses proposées figuraient “les personnes d’une autre race” (c’est le mot précisément utilisé dans l’étude).
La fréquence avec laquelle les habitants d’un pays répondaient qu’ils ne voulaient pas d’un voisin d’une “race” différente a été considérée comme un indicateur de la plus ou moins grande tolérance. A partir des résultats obtenus, Max Fisher un journaliste du Washington Post a dressé une carte du racisme en fonction des pays. C’est ainsi qu’est née la cartographie du racisme.
Pour l’Europe, les pays de l’Est apparaissent plus tolérants que leurs voisins riches et éduqués d’Europe occidentale ce qui d’après le Washington Post pourrait être expliqué par l’importance des questions liées à l’immigration et l’identité nationale dans ces derniers pays. La France remporte la triste palme du pays le plus raciste d’Europe avec 22,7% des sondés qui disent ne pas souhaiter un voisin de “race” différente. Ainsi selon cette étude, la France serait plus raciste que les États-Unis, la Russie, le Belarus, la Lettonie etc.
Des résultats étonnants.
D’abord parce que les indicateurs indirects ne sont pas les plus rigoureux. Ensuite parce que le racisme étant très difficile à mettre en équation, il est hasardeux de prétendre l’évaluer à travers une seule variable et encore plus à travers une question qui n’a sans doute pas été interprétée de la même manière sous toutes les latitudes.
Et puis le degré d’honnêteté sur les questions sensibles peut aussi avoir influencé les réponses. La capacité d’affirmer à haute voix que l’on ne souhaite pas un voisin d’une “race” différente n’est pas la même d’un pays à un autre.
L’utilisation d’autres indicateurs aurait certainement donné des résultats très différents.
Imaginons que la question ait porté sur les personnes que les sondés ne voudraient pas avoir comme amis ou dans leur famille. On sait par exemple d’après une étude Eurostat de 2012, que la France qui se classe 6e parmi 30 pays, est le plus enclin des grands pays européens à l’union mixte (11,8% des mariages).
A-t-on vraiment mesuré le racisme dans l’étude suédoise ? Pas si sûr d’autant que le mot “race” recoupe des réalités totalement différentes selon les pays. Le concept de “race” accepté dans les pays anglo-saxons, est très controversé en France où il vient d’être supprimé de la législation avant de l’être peut-être bientôt de la Constitution. Et puis la définition des manifestations du racisme est-elle vraiment universelle ? On peut donc s’interroger sur ce qui a réellement été mesuré par les deux économistes suédois…
Avec Atlantico