L’heure est venue de quitter l’enfance. Abandonnant rêveries et frusques d’étudiant, vous vous apprêtez à faire une incursion dans le monde des cols blancs. Il existe des tas de façons de tirer profit d’un stage en entreprise. Mais la meilleure à mes yeux, dans cette conjoncture pleine d’orties, reste tout de même de se faire embaucher à la fin. Comment réussir une telle acrobatie ? En commençant par vous mettre, l’espace d’une seconde, dans les chaussures de votre responsable.
Savez-vous ce que vous êtes à ses yeux ? Une ressource et un miroir. Une ressource, d’abord, car ce que le bonhomme espère avant toute chose, en vous offrant un stage, c’est pouvoir se décharger sur vous. Normal. Vu votre place dans la chaîne alimentaire, c’est votre tour d’être corvéable à merci. Deuxième point (plus difficile) : pour votre chef, vous êtes aussi un miroir. En effet, par votre jeunesse vous lui renvoyez l’image du débutant qu’il fut et, par extension, du chemin qu’il a parcouru.
Votre objectif est simple : vous devez lui en donner le meilleur reflet possible. Pour cela, manifestez de l’étonnement. De l’ébahissement. De l’admiration. «Mais comment faites-vous ?», «Puis-je prendre des notes ?», «Tout ça est tellement complexe !», etc. Donnez-lui l’impression qu’à chaque minute que Dieu fait vous APPRENEZ à son contact. Plus vous lui ferez sentir la valeur qu’il a acquise au fil du temps, plus votre responsable aura envie de vous garder.
Autre ressort psychologique : l’idée qu’il se fait de votre génération (Y, Z… on ne sait plus). Voyant pointer ses premiers cheveux blancs, votre N+1 éprouve à l’égard de la relève des sentiments contradictoires. D’un côté, il admire son culot, son esprit critique, son agilité et sa maîtrise du digital. De l’autre, il déteste sa grande gueule, son esprit mercenaire, son absence de colonne vertébrale, son côté «tout m’est permis». Un peu comme l’aîné d’une fratrie qui verrait, béat et jaloux, l’autorité parentale se desserrer au fil des années.
Pour lui plaire, la recette est donc simple : donnez-lui à voir tous les bons côtés de votre génération et aucun des mauvais. Soyez impertinent, mais sachez la fermer de temps en temps. Soyez transgressif, mais évitez de dire trop souvent «En gros», «Vite fait», «Ça me saoule» et «Je ne vois pas l’intérêt de faire ça». Restez à votre place. Et soyez à l’heure le matin, même si vous avez passé la nuit à descen-dre des mojitos (à votre âge, vous êtes encore capable d’encaisser cela, profitez-en). La ponctualité fait tellement plaisir aux anciens…
Question bonus : que faire si on vous abandonne à votre sort ? Au milieu de l’été, certains stagiaires se retrouvent parfois, faute d’encadrement, désœuvrés au milieu de l’open space. Dans ce cas, transformez-vous en journaliste. Faites le tour des bureaux et interviewez TOUS les salariés, au motif de comprendre leur job (même si, au fond, vous vous en moquez). Les gens adorent parler d’eux : cela remplira vos journées. Et puis, c’est toujours utile de les mettre dans votre poche. Surtout si vous tombez sur le DRH.
Avec Management