Il a déjà fait l’actualité, en 2009, lorsque sa société Global Infrastructure Partners (GIP) a acquis les 42% de la societé gestionnaire du célèbre aéroport londonien Gatwick pour la somme de 1,51 milliard de livres sterling. Lui, c’est Adebayo Ogunlesi, le milliardaire nigérian qui fait désormais partie de l’influent « Forum stratégique et politique», le think-thank consultatif qui va conseiller le nouveau président américain Donald Trump sur les politiques économiques.
Agé de 63 ans et originaire de Sagamu, une localité situé à une cinquantaine de kilomètre de Lagos la capitale économique nigériane, où il a suivi la première partie de ses études supérieures notamment au sein du très select King’s College Lagos. Celui que ses intimes appellent affectueusement « Bayo », est un brillant intellectuel et hommes d’affaires avisé qui a fait fortune dans le monde de la finance notamment à New York, où il vit depuis quelques temps avec sa femme et ses deux enfants, et à Londres où sa société est active dans le secteur du capital-investissement.
Brillant parcours
Le parcours d’Adebayo Ogunlesi est assez atypique, lui le fils du premier professeur de médicine du Nigéria et qui est sorti major de sa promotion à Oxford au Royaume-Uni avec une licence en philosophie politique et économie. Diplômé par la suite de la tout aussi prestigieuse faculté de droit de l’Université de Harvard avant ses trente années, c’est dans le monde de la justice qu’il a démarré sa carrière professionnelle avec là aussi, un parcours d’exception. Premier greffier non américain à la Cour Suprême des Etats-Unis où il officia comme assistant auprès de l’honorable Thurgood Marshall, il intégra par la suite le cabinet d’avocat new-yorkais, Cravath, Swaine et Moore.
C’est fort de cette expérience et après quelques expériences dans des sociétés d’investissements américaines, qu’il se reconvertit, à partir de 1983, dans le monde de la finance avec un poste au sein de Credit Suisse First Boston (CSFB), une banque d’investissement devenue aujourd’hui Credit Suisse AG et au sein de laquelle il connut une ascension fulgurante jusqu’à parvenir au poste de directeur en 2002 avec à la clé, un siège de membre du conseil d’administration.
Membres des comités d’administration d’une dizaine d’entreprises au sein desquelles il a officié (Africa Finance Corporation, Callaway Golf, Goldman Sachs, Kosmos Energy, ….), c’est avec GIP, sa propre société d’investissement basé à New York, qu’il s’est particulièrement montré actif ces dernières années. Au point de figurer dans le top 10 de certains classements de médias américains des plus influent “Tycoon” du pays. Il a fructifié sa fortune dans le secteur de la gestion des aéroports puisqu’il contrôle également et depuis 2012, l’aéroport d’Edimbourg en Ecosse. Il avait auparavant acquis l’aéroport de London-City qu’il a revendu l’année dernière pour quelques 2 milliards de livres sterling.
Reconnu dans le monde de la finance internationale pour son charisme et sa philanthropie, il a été distingué à plusieurs reprises dans différents domaines et à conseiller plusieurs établissement anglais ou américain.
Il a un temps été conseiller économique de l’ancien président Olusegun Obansanjo et a été consultant pour différents gouvernements en matière de politique fiscale et de développement.
Un nigérian à la maison blanche
C’est donc ce milliardaire nigérian, plus connu aux Etats-Unis et au Royaume-Uni que dans son pays, que Donald Trump a choisi pour intégrer son staff de consultant en matière de politiques et de stratégies économiques. Il est d’ailleurs le seul africain à intégrer le fameux « forum stratégique et politique ».
Le think thank, composé de 16 puissants PDG, a été constitué en décembre dernier et va prendre fonction dès le mois de février prochain avec comme premier chantier, l’élaboration de la politique économique du nouveau locataire de la maison blanche.
Le Forum, composé de « quelques uns chefs d’entreprises les plus respectés et les plus performants » selon le cabinet de Trump devra ainsi élaborer la feuille de route pour « créer plus d’emplois et rendre l’Amérique plus grande encore » comme l’a promis le président américain dans son slogan de campagne. Présidé par Stephen A. Schwarzman, co-fondateur, président du conseil d’administration et directeur de Blackstone, l’organe comprend également plusieurs PDGs d’entreprises américaines de gros calibre. Il s’agit entre autre, de Paul Atkins, PDG de Patomak Global Partners, et ancien chef de la Securities and Exchange Commission (SEC), Mary Barra, CEO de General Motors, Jamie Dimon, de JPMorgan Chase & Co, Bob Iger, PDG de Walt Disney Company, Rich Lesser, president du Boston Consulting Group (BCG), Doug McMillon, président et CEOde Wal-Mart Stores Inc. ainsi que Jim McNerney, de Boeing, Ginni Rometty, d’IBM, Mark Weinberger, d’Ernst et Young ou Jack Welch, ancient PDG de General Electric.
L’Afrique s’invite chez Trump
En plus de travaux collectifs, les membres du Forum stratégique et politique devront se servir de leurs expériences et leurs connaissances personnelles pour conseiller individuellement le président américain sur les leviers qui devront permettre de relancer la croissance économique, la création d’emplois et la productivité.
« Ce forum réunit des PDG et des chefs d’entreprise qui savent ce qu’il faut faire pour créer des emplois et stimuler la croissance économique », a déclaré le président Trump justifiant le recours à ces chefs d’entreprises privés comme une concrétisation de sa promesse à « tirer parti de l’expertise du secteur privé afin de réduire le poids de la bureaucratie gouvernementale qui entravent l’emploi, l’innovation et la croissance américaine ».
C’est donc un nouveau challenge pour Adebayo Ogunlesi, l’africain de Trump, qui va, au-delà de sa contribution à la politique économique américaine, défendre les intérêts de l’Afrique. C’est en effet là où il sera le plus attendu car même si sa nomination au sein de ce cercle d’influence obéit à d’autres considérations professionnelles, le fait qu’il soit nommé au sein de conseil est une consécration pour un fils du continent qui a su forcer le destin et a réussit dans la crème du monde des affaires.
On ressasse sans cesse que le successeur de Barack Obama n’en a cure de l’Afrique, mais le choix de certains dirigeants d’entreprises pour le conseiller en matière économique imposera nécessairement à Trump de tenir compte du continent dans la stratégie qu’il veut imprimer à la croissance africaine. Plus que la présence d’un africain au rang de ses conseillers, celles de dirigeants d’entreprises qui ont misé sur le continent pour soutenir leur croissance plaide beaucoup en faveur des intérêts des pays africains. De quoi rassurer ceux qui s’inquiétaient de voir les USA se détourner du continent, à charge pour « Bayo » de pouvoir à lui seul atténuer certains clichés.