Les écosystèmes entrepreneuriaux québécois sont faits par et pour les hommes. Comment s’adapter aux femmes?
L’écosystème entrepreneurial québécois est en pleine ébullition. Seulement à Montréal, il y a plus de 40 programmes pour former ou accompagner des entrepreneurs (incubateurs, accélérateurs, écoles spécialisées, espaces de coworking, etc.) et toutes les universités et la quasi-totalité des cégeps ont mis en place des programmes de soutien à l’entrepreneuriat.
L’indice entrepreneurial détermine que le taux d’intention d’entreprendre des Québécois a triplé en sept ans, pour s’établir à 21,0 % en 2016. Cependant, on constate des écarts importants entre le taux d’intention d’entreprendre chez les hommes (25,9%) et chez les femmes (16,3%).
De plus, si l’on considère les personnes qui ont fait des démarches pour se lancer en affaires, les hommes sont plus représentés et constituent 12,3% de la population, contre 7,4 % chez les femmes.
Ces chiffres indiquent que les écosystèmes entrepreneuriaux québécois sont faits par et pour les hommes. Il est important pour la société québécoise de réduire ces écarts non seulement pour plus d’égalité entre les sexes, mais aussi car les femmes constituent une «réserve entrepreneuriale», c’est-à-dire des entrepreneures potentielles.
Quelles sont les pistes de solution?
En général, deux leviers d’intervention sont mis de l’avant pour la promotion de la réussite professionnelle des femmes. Le premier consiste à prendre acte des différences observées entre les hommes et les femmes et d’identifier les facteurs qui pénalisent les femmes (par exemple un réseau généralement moins dense et moins efficace que celui de leurs homologues masculins).
Les formations offertes ont donc comme objectif d’outiller les femmes pour leur permettre de se lancer en affaires sur un pied d’égalité avec les hommes.
Cette approche a toutefois été critiquée, car elle ne prend pas en considération les inégalités systémiques auxquelles se heurtent les femmes dans leurs démarches (stéréotypes, préjugés, etc.).
Une deuxième approche consiste à prodiguer des formations à toutes les parties prenantes de l’écosystème entrepreneurial (banquiers, investisseurs, etc.) pour tenter de déconstruire la discrimination systémique à laquelle les femmes doivent faire face tout au long de leur parcours entrepreneurial.
Ces deux approches ne sont pas contradictoires, mais plutôt complémentaires. Il faut outiller les femmes entrepreneures, car, soyons clairs, les défis auxquels elles font face continuent d’être immenses. Et si la majorité des «modèles à suivre» sont des hommes, il peut être difficile pour une femme de s’identifier comme entrepreneure.
Il est donc primordial de véhiculer des modèles entrepreneuriaux diversifiés, avec des parcours différents. Les universités doivent aussi faire plus pour encourager les étudiantes à entreprendre.
Voici quelques exemples:
- inviter plus de femmes entrepreneures à témoigner dans les cours ou dans des conférences,
- développer plus d’études de cas portant sur le parcours entrepreneurial des femmes,
- donner des formations aux formateurs (professeurs, chargés de cours, etc.) sur les obstacles spécifiques auxquels les femmes entrepreneures sont confrontées afin de les sensibiliser à cette question.
Et dans le cas des incubateurs et des accélérateurs, à quelques exceptions près, les femmes sont minoritaires (voire très minoritaires dans les secteurs technologiques). Il serait donc important que ces lieux d’accompagnement fassent davantage d’efforts pour aller chercher des femmes talentueuses, car s’ils continuent à utiliser les mêmes méthodes et bassins de recrutement, ils risquent fort de continuer à attirer le même type de profil, soit des hommes. Nous n’avons présenté ici que quelques pistes de réflexion.
Heureusement, parce que l’avenir est à réinventer, d’autres idées, d’autres innovations existent. Ne reste plus qu’à les trouver.
Avec lesaffaires