Tempêtes de neige, températures glaciales, mauvaises conditions routières, glissements, chutes et fractures : il y a beaucoup de choses déplaisantes à propos de l’hiver canadien. Il n’est donc pas surprenant que le meilleur climat et, dans certains cas, les coûts de subsistance plus bas de certaines destinations comme la Floride, le Mexique, le Costa Rica, l’Équateur et la Thaïlande aient incité des milliers de Canadiens à déménager à l’étranger lorsqu’ils prennent leur retraite. Bien que l’idée de vivre dans un meilleur climat soit attrayante, devenir résident d’un autre pays est un processus complexe. Avant de déménager, il est essentiel de comprendre le plein impact d’élire domicile à l’étranger.
Le pays auquel vous songez vous offrira-t-il la vie que vous envisagez? À part son climat favorable, le coût de la vie y est-il raisonnable? Y est-on en sécurité? Est-il politiquement stable? Peut-on accéder à des soins de santé de qualité, y a-t-il un hébergement convenable, des transports adéquats, un service Internet fiable? Quelle sorte de culture y règne? Peut-on communiquer avec les populations locales? Quelles sont les conditions d’entrée dans le pays, et vous laissera-t-il vous y installer? Il est essentiel de se renseigner.
Une recherche en ligne vous indiquera de nombreux ouvrages et articles sur les modalités de retraite à l’étranger. Des sites et blogues d’expatriés comme www.expat.com/fr, www.portailquebecfloride.com/ et www.expatexchange.com sont de bonnes sources d’information pratique sur la vie dans certains pays spécifiques.
Le portail du gouvernement fédéral Vivre à l’étranger affirme offrir « tout ce que vous devez savoir pour vous préparer à aller vivre à l’étranger ». Cela inclut la publication très utile Vivre à l’étranger – Guide à l’intention des travailleurs, étudiants, bénévoles et retraités canadiens à l’étranger.
Une question importante qu’il faut clarifier avant de déménager dans un autre pays est votre statut de résident une fois que vous vivez ailleurs.
Si vous souhaitez être un expatrié saisonnier comme un « snowbird » qui passe ses hivers en Floride, ou si vous conservez des liens avec le Canada, par exemple en y conservant un logement ou en vous y rendant régulièrement, il est probable que, du point de vue de l’impôt, vous soyez considéré comme un résident canadien. Cela veut dire que vous serez assujetti à l’impôt sur le revenu au Canada, et que vous pourrez peut-être toujours bénéficier des services de santé provinciaux, selon la durée de vos séjours à l’étranger. De plus, des agents des ambassades et consulats canadiens seront là pour vous aider si vous avez des ennuis pendant le temps que vous passez à l’étranger.
Un retraité qui ne prévoit pas de retourner régulièrement au Canada peut souhaiter devenir résident permanent, ou même citoyen, d’un autre pays. Cette décision est souvent motivée par des considérations fiscales.
La retenue d’impôt sur le revenu de source canadienne quand on réside à l’extérieur du Canada est par défaut de 25 %, mais peut être plus faible si le Canada a conclu une convention fiscale avec le pays de destination. Pour les taux qui s’appliquent à chaque pays, vous pouvez consulter cette circulaire de l’Agence du revenu du Canada.
« L’espoir d’une imposition plus basse ne devrait pas être la principale raison d’abandonner le statut de résident canadien, dit Laura McLeman, comptable à Citizen Abroad Tax Advisors. « Selon votre taux d’imposition effectif à la retraite et le pays que vous choisissez comme résidence, il se peut que les économies fiscales réalisées par le retraité canadien moyen ne soient pas très importantes. Dans certaines circonstances, vous pourriez en fait payer plus d’impôts. »
Ce qui est plus important, c’est le coût à payer pour abandonner la résidence canadienne et le coût général de la vie, la sécurité financière et la qualité de vie dans le pays d’accueil. Il faut d’abord vous assurer que le statut de résident vous sera accordé dans le pays choisi. Ensuite, il y a les obligations qu’impose le pays sur ses résidents. Combien paierez-vous d’impôts? Y a-t-il des restrictions sur les flux de devises? Si vous prenez la citoyenneté de ce pays, ce dernier dispose-t-il de services consulaires dans les pays où vous pourriez voyager?
Si vous êtes un Canadien à double nationalité et que vous choisissez de prendre votre retraite dans l’autre pays dont vous êtes citoyen, vous pourriez être assujetti aux lois et règlements qui s’appliquent aux citoyens de ce pays-là, même si vous voyagez avec un passeport canadien. Certains pays ne reconnaissent pas légalement la double citoyenneté, et par conséquent ce sont les lois de ces pays qui s’appliqueront à vous. De plus, les agents consulaires canadiens pourraient être dans l’impossibilité de venir à votre aide si vous en avez besoin, à plus forte raison si vous êtes incarcéré.
Si vous vivez à l’étranger mais que vous conservez des liens résidentiels importants avec le Canada, l’Agence du revenu du Canada peut vous considérer comme un résident de fait du point de vue fiscal, et votre revenu sera imposé comme si vous n’étiez pas parti. Vous pouvez maintenir ces liens tout en étant considéré comme un non-résident si le Canada a conclu une convention fiscale avec votre nouveau pays. Toutefois, pour éviter de payer l’impôt canadien sur vos revenus mondiaux, couper vos liens résidentiels avec le Canada peut s’avérer nécessaire.
L’ARC détermine la non-résidence sur une base individuelle et selon plusieurs facteurs,
dont les suivants :
- Vous ne conservez pas un logement au Canada.
- Votre conjoint(e) de droit ou de fait ne demeure pas au Canada.
- Vous n’avez pas de personnes à charge demeurant au Canada.
- Vous vous débarrassez de vos propriétés personnelles au Canada et rompez vos liens avec le pays, et en faites l’acquisition ou les établissez dans un autre pays.
Votre facture fiscale pour l’année où vous cessez d’être résident du Canada pourrait être substantielle. Vous serez tributaire de l’impôt sur les gains en capital sur ce qui aura été déterminé comme une disposition de certains actifs que vous possédiez quand vous avez quitté le Canada. Il y a d’importantes exemptions à cette « taxe de départ », notamment les biens immobiliers canadiens, les pensions canadiennes, les REER, les FERR, les REEE et les CELI. Toutefois, les actions et les biens à usage personnel comme les véhicules, les œuvres d’art, les bijoux et les collections de pièces de monnaie ne sont pas exemptés.
L’imposition des Canadiens qui ont déménagé à l’étranger ou sont sur le point de le faire est complexe. Quiconque compte abandonner sa citoyenneté canadienne ferait bien de solliciter les conseils d’un comptable spécialisé dans la planification fiscale sur l’émigration dans un autre pays et les problèmes qui se posent aux Canadiens expatriés une fois qu’ils ont émigré.
Avant de prendre une décision finale sur votre installation dans un autre pays, visiter le pays auquel vous songez est une obligation. Un séjour prolongé dans la communauté où vous voudriez vivre est à conseiller. Cela vous donnera suffisamment de temps pour effectuer une évaluation sur le terrain des installations et des services locaux, parler aux expatriés de cette région et juger du mode de vie local de façon réaliste.
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