Le système français vous met des bâtons dans les roues parce que vous n’avez pas le bon profil ? Partez pour mieux revenir !
Après quatre ans à Pékin pour y développer Saint Clair Le Traiteur, Margaux Corruble est revenue en France en parlant couramment le mandarin et avec une bonne connaissance d’un marché en pleine expansion. Bingo : avec ce CV pimpant, cette diplômée de Reims Management School s’est fait recruter dans l’hôtellerie de luxe sur un poste qui exigeait pourtant cinq ans passés dans le secteur. Manque d’expérience, pas de diplômes, pas la bonne origine… En France, vous vous sentez bloqué ? Partir à l’étranger peut être un bon antidote. Témoignages.
♣ PIERRE WIZMAN 33 ans, cofondateur des lunettes Polette : autodidacte, sans réseau, il est parti créer son entreprise en Chine pour ensuite l’établir aux Pays-Bas
Ces trentenaires n’ont aucun diplôme, pourtant leur jeune entreprise, Polette, réalise déjà 45 millions d’euros de chiffre d’affaires. En 2006, Pierre Wizman et Pauline Cousseau sont partis en Chine, «où l’on crée une entreprise en un claquement de doigts», avec 2.000 euros et une idée simple en poche : proposer des lunettes de vue à prix coûtant. «Allez voir les usines directement», conseillent les trentenaires, aujourd’hui installés aux Pays-Bas avec déjà un pied en France.
♣ ANTOINE VIGIER 30 ans, ingénieur chez Ponticelli Frères : pour combler son manque d’expérience, il est parti au Nigeria
Envie de grimper mais pas assez d’expérience ? Pour contourner l’obstacle, Antoine Vigier a accepté un poste d’expatriation au Nigeria. Vie dans un camp militarisé, semaine de six jours et sorties limitées, l’expérience est rude. «Mais cela me distingue auprès de ma direction», explique ce jeune ingénieur chez Ponticelli Frères. Une tactique adoptée aussi par Tatiana Zebaze, 31 ans, directeur des risques d’une filiale africaine d’Axa. «A Paris, j’étais un élément lambda. Ici, j’interagis avec le top management. A mon retour , je pourrai prétendre à des postes qui m’auraient été inaccessibles avant.»
♣ JÉRÔME OBRY 45 ans, propriétaire de salons de coiffure à New York : Pour valoriser un diplôme banal en France, il est parti aux États-Unis
Coiffeur à Nice, Jérôme Obry rêvait de faire la différence. Compliqué, étant donné la concurrence. En 2011, il a l’idée d’aller valoriser son savoir-faire frenchy à New York. Bien vu : il vient d’y ouvrir un deuxième salon de luxe sans abandonner le projet de revenir un jour au pays. «Aux États-Unis, les artisans français ont un boulevard», confirme sa femme, Claire Obry, fondatrice de French Wink. Mais à moins d’être marié à une Américaine comme le boucher Jean-Claude Setin, qui lance The French Butcher à Los Angeles, obtenir un visa de travail reste compliqué. Sauf à tenter le visa Talents extraordinaires.
♣ MOUNIR RACHI 39 ans, DG de TeknoSys : pour échapper aux discriminations, il est parti à Dubaï
Envoyé dans les Émirats en 2008 par Alcatel-Lucent, Mounir Rachi a vite grimpé les échelons. «A Dubaï, fini les discriminations, on accède facilement à des postes seniors» , explique ce quadra qui vient de créer son entreprise de services IT. Comme lui, plus de 25.000 Français ont mis le cap sur les États du Golfe. En manque de main-d’œuvre qualifiée, ils offrent des opportunités dans l’hôtellerie, la restauration, le sport, le high-tech ou l’énergie. Pas indispensable, l’arabe est un plus. A Dubaï, l’Exposition universelle de 2020 pourrait ouvrir de nouvelles opportunités. Beaucoup d’offres sur les groupes Facebook Les Nouveaux Aventuriers Dubaï.
♣ MORGANE DURAND 30 ans, responsable pays pour Lush : pour corriger son «mauvais» CV, elle est partie en Angleterre
A Paris, cette vendeuse dans une boutique de savons Lush s’était vu refuser toute évolution, faute d’un CV adéquat. Partie à Poole, en Angleterre, dans un autre magasin Lush, elle a été promue en moins d’un an responsable de l’approvisionnement des points de vente francophones et hollandais. «Personne ne m’a demandé de diplôme. On m’a laissée faire mes preuves», se réjouit Morgane Durand, titulaire d’un CAP photo. «Une culture du test qui peut aussi vous amener à vite perdre un job si vous êtes mauvais» , prévient William Doudou Thiam, consultant français en recrutement basé à Londres. «Peaufinez votre profil LinkedIn, très regardé ici», conseille une simple licenciée en lettres partie tenter sa chance à Londres, où elle dirige maintenant le marketing digital d’une marque de luxe. Attention, avec le Brexit, les conditions de travail pourraient changer.