L’huile de palme, tout à la fois indispensable à l’industrie agroalimentaire et tant décriée, pourrait être remplacée très rapidement. Un partenariat innovant entre deux entreprises françaises, le Groupe Poult et Natais, et le laboratoire public des Interactions moléculaires et réactivité chimique photochimique (IMRCP – CNRS – Université III Toulouse – Paul Sabatier) a permis de mettre au point un substitut à l’huile de palme. Nommé « Substipalm », le projet a été soutenu par la Région Occitanie/Pyrénées – Méditerranée à hauteur de €308 000.
« Le projet, qui a duré deux ans, a consisté à rechercher des pistes de substitution à l’huile de palme. Le but était d’avoir un approvisionnement local pour la fabrication des biscuits pour le Groupe Poult et des pop-corn pour Natais donc une huile locale avec les caractéristiques de l’huile de palme, solide à la température ambiante et que cela fonde en bouche. Nous avons trouvé une solution qui nous permet d’utiliser par exemple une huile de tournesol avec un résultat satisfaisant. Pour ce faire nous avons besoin d’utiliser un produit naturel qui n’est pas encore aujourd’hui déclaré officiellement comme ingrédient », précise Cécile Terrol, chef de projet R&D dans le Groupe Poult. L’huile de palme durable, certifiée RSPO, est utilisée depuis plusieurs années dans la fabrication des biscuits, mais certains clients du Groupe Poult souhaitaient qu’elle disparaisse complètement.
Un certain « secret » affiché sur la formulation mais qui est motivé par la demande d’agrément en cours auprès de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES). L’agrément de l’agence française, qui devrait intervenir « prochainement », permettra aux entreprises de commercialiser cette formulation innovante. « La mise en application de la formulation pourrait être assez rapide, environ une année, le temps de mettre en place une nouvelle ligne de fabrication dans le cas du groupe Poult », indique Cécile Terrol.
L’alternative à l’huile de palme sera plus coûteuse. Mais, et c’était aussi l’un des objectifs de Substipalm, le projet valorise les filières oléagineuses locales. « Les résultats de ce programme de recherche vont, après validation des derniers points techniques, certainement renforcer notre positionnement et notre différenciation sur le marché. Ce renforcement est lié à la très bonne image de l’huile de tournesol d’un point de vue nutritionnel et aussi de l’impact environnemental. La possibilité d’utiliser de l’huile de tournesol nous ouvre aussi la perspective d’une production locale et d’une intégration de la filière régionale.», indique Michael Ehmann, président de Nataïs, dans un communiqué. Une orientation qui s’inscrit aussi dans la stratégie pour l’emploi et la croissance de la Région souligne sa présidente Carole Delga. Cette dernière a déjà annoncé qu’elle s’engagerait à soutenir le projet dans ses futurs développements si nécessaire.