Un nouveau soulèvement militaire parti de Yamoussoukro a secoué la Côte d’Ivoire mardi, au lendemain du règlement d’une partie des primes réclamées la semaine dernière par des mutins issus des forces armées. Si les armes se sont tues en fin de journée, au moins un mort est à déplorer.
Le mouvement de protestation armé qui s’est déclenché mardi 17 janvier au matin avait pour épicentre Yamoussoukro. Il a d’abord pris forme au centre d’instruction et de formation militaire de Zambakro, situé à moins d’une dizaine de kilomètres de la capitale.
Un mort à Yamoussoukro, des négociations en cours
Les mutins ont d’abord attaqué l’armurerie du camp et en ont emporté les armes. Des témoins ont ensuite décrit des militaires excités à bord de véhicules tout terrain, tirant en l’air dans la ville en faisant des rodéos. Les coups de feu on cependant cessé en milieu de journée.
« Ce [mardi] matin, une cinquantaine d’hommes a quitté le camp à bord de véhicules 4X4 pour se rendre en ville afin d’exprimer leur mécontentement de ne pas avoir été pris en compte dans le paiement des primes » octroyées récemment à leurs frères d’armes, a confié à Jeune Afrique un militaire joint à Zambakro.
Si un calme relatif était revenu à la mi-journée dans la capitale politique ivoirienne, au moins un mort est à déplorer. L’un des mutins a été abattu par la garde républicaine à Yamoussoukro, a appris Jeune Afrique auprès du ministère de la Défense, qui affirme par ailleurs qu’un autre mutin aurait également été blessé à Yamoussoukro.
Des négociations sont par ailleurs en cours à Zambakro entre les mutins et des représentants du chef de l’État. Selon une autorité locale souhaitant garder l’anonymat, la situation reste tendue. Les mutins ont néanmoins regagné leur caserne mardi soir, et ont restitué les véhicules et les armes. Ils se sont par ailleurs engagés à poursuivre les discussions avec la hiérarchie militaire.
Le gouvernement a pris des engagements
Ce nouveau mouvement de colère fait suite à la mutinerie des 6 et 7 janvier qui a secoué Bouaké et plusieurs casernes du pays. Après l’accord signé dans la nuit de vendredi à samedi avec les mutins, le gouvernement aurait mobilisé plus de 36 milliards de F CFA pour payer des primes estimées à 12 millions de F CFA à chaque mutin. Un chiffre de 8 400 bénéficiaires a circulé sur un effectif total de 12 000 éléments.
« Ce sont ceux qui ont rejoint la rébellion en 2002 qui ont été pris en compte. Les contingents de 2006, 2007 et 2008 ne l’ont pas été. Ce sont ces derniers qui manifestent ce matin. Et ceux de 2011 et 2012 pourraient se joindre au mouvement », explique un officier de l’armée qui a requis l’anonymat.
Des gendarmes, corps d’élite, se sont joints aussi au mouvement en tirant en l’air dans plusieurs villes du pays, Man, Daloa, Yamoussoukro ou Dimbokro. Selon nos sources, une grogne était par ailleurs en cours au sein de la police ce mardi, dont certains éléments exigeaient une augmentation de 83 000 F CFA et le paiement des retards de baux de loyers.
À l’issue d’un conseil présidé dans la soirée mardi 17 janvier par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, le gouvernement s’est engagé a régler tous les problèmes liés aux tensions sociales avec les acteurs de façon durable, avec des solutions justes, supportables et acceptables.
Avec Jeune Afrique