Selon Oxfam, huit personnes dans le monde détiennent à elles seules autant de richesses que la moitié la plus pauvre des habitants de la planète. Une concentration que l’ONG britannique juge “indécente”.
Huit personnes sur la planète détiennent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population mondiale, une situation “indécente” qui “exacerbe les inégalités”, dénonce l’ONG britannique Oxfam dans un rapport publié en amont du World Economic Forum (WEF) qui s’ouvre mardi à Davos.
“Il est indécent que tant de richesses soient concentrées dans les mains d’une si infime minorité, quand on sait qu’une personne sur dix dans le monde vit avec moins de 2 dollars par jour”, affirme la porte-parole d’Oxfam France Manon Aubry, citée dans le communiqué.
Bientôt des “super-milliardaires”
Ce rapport, intitulé “Une économie au service des 99%”, dévoile “comment les grandes entreprises et les individus les plus riches exacerbent les inégalités, en exploitant un système économique défaillant, en éludant l’impôt, en réduisant les salaires et en maximisant les revenus des actionnaires”.
Selon l’ONG, à ce rythme, le premier “super-milliardaire” du monde “pourrait voir son patrimoine dépasser le millier de milliards de dollars dans 25 ans à peine”. Pour dépenser cette somme, il faudrait “débourser un million de dollars par jour pendant 2.738 ans”, souligne-t-elle.
Pour son étude, Oxfam s’est basée sur la liste des huit personnes les plus riches du classement du magazine Forbes. Il s’agit dans l’ordre de l’Américain Bill Gates (fondateur de Microsoft dont le patrimoine est estimé à 75 milliards de dollars), l’Espagnol Amancio Ortega (Inditex, maison mère de Zara), Warren Buffet (PDG et premier actionnaire de Berkshire Hathaway), le Mexicain Carlos Slim (magnat des télécoms latino-américains), Jeff Bezos (fondateur et PDG d’Amazon), Mark Zuckerberg (PDG et cofondateur de Facebook), Larry Ellison (cofondateur et PDG d’Oracle) et Michael Bloomberg (fondateur et PDG de Bloomberg LP).
Oxfam, qui a pris l’habitude d’attirer l’attention sur les inégalités croissantes à l’occasion du WEF, qui se tiendra jusqu’à samedi à Davos, dénonce “la pression qui s’exerce sur les salaires partout dans le monde”, ainsi que les allègements fiscaux dont bénéficient les entreprises ou encore le recours au paradis fiscaux.
Arrêter de regarder le PIB
“Les entreprises optimisent leurs bénéfices, notamment en allégeant le plus possible leur charge fiscale, privant ainsi les États des ressources essentielles pour financer les politiques et les services nécessaires pour réduire les inégalités”, souligne le rapport. L’ONG, qui s’appuie sur de “nouvelles données plus précises sur la répartition de la richesse dans le monde”, appelle les gouvernements à réagir et à se tourner vers une économie plus centrée sur l’humain.
“Quand les responsables politiques arrêteront d’être obsédés par le PIB et se focaliseront sur l’intérêt de l’ensemble de leurs citoyens, et non seulement d’une élite, un avenir meilleur sera possible pour toutes et tous”, assure Manon Aubry.
La France n’échappe pas aux critiques d’Oxfam. Selon l’étude, 21 milliardaires possédaient autant que les 40% les plus pauvres de la population française en 2016. L’an dernier, Oxfam avait déjà dénoncé que le patrimoine cumulé des 1% les plus riches du monde avait dépassé en 2015 celui des 99% restants avec un an d’avance sur les prévisions.