Le pays est devenu le troisième fournisseur du marché européen. Pour ne pas perdre le rythme, l’État soutient la filière et envisage de financer l’introduction de nouvelles variétés.
La Côte d’Ivoire continue d’enregistrer des records agricoles. Elle a notamment consolidé sa première place africaine d’exportateur de mangues, troisième fruit d’exportation du pays, après l’ananas et la banane, avec lesquels il contribue à 4 % de son PIB.
Avec une production de 100 000 tonnes cette année, dont plus de 32 600 t exportées en Europe (contre 22 700 en 2015 et 9 800 en 2011), le pays s’est hissé au rang de troisième fournisseur de mangues du marché européen, après le Brésil (100 000 t) et le Pérou (80 000 t). Une campagne d’exportation 2016 qui a rapporté 6,5 milliards de F CFA (près de 10 millions d’euros) aux producteurs ivoiriens.
Parmi des cinq fruits les plus consommés au monde
Principalement destinée à la consommation locale jusqu’au début des années 1990, la production de mangues s’est ensuite tournée vers l’exportation pour le marché européen, qui a cependant plafonné en moyenne à 10 000 t par an de 2002 jusqu’à la fin de la crise politico-militaire, en 2011. Les performances de la filière ces dernières années sont dues au retour de la paix, mais aussi à l’entrée de la mangue dans le top 5 des fruits les plus consommés au monde.
Résultat : dès 2014, les exportations vers l’Europe ont atteint plus de 20 000 t, contre 11,3 t en 2010. « Après la ruée sur l’anacarde, aujourd’hui, c’est la ruée sur la mangue, qui est une source importante de revenus, d’autant que le coton est relégué au second plan », explique Yéo Klotiona, un membre de la coopérative Gninnangnon, établie à Korhogo. Le verger est concentré dans la zone nord du pays, dans les régions de savanes (Korhogo, Sinématiali, Ferkessédougou et Odienné). Il est cultivé par environ 7 000 producteurs regroupés au sein de coopératives villageoises, qui assurent 90 % de la production nationale, et par quelques exploitants privés.
Optimisation de la filière
Ayant perçu son caractère stratégique pour les régions de production, le gouvernement a engagé plusieurs projets afin de structurer la filière mangue, qui est inscrite au Plan national de développement (PND), dans le cadre du Plan national d’investissement agricole (PNIA).
Avec l’appui du Fonds interprofessionnel pour la recherche et le conseil agricoles (Firca), le gouvernement envisage de financer l’introduction de nouvelles variétés : les manguiers ont aujourd’hui un rendement maximal de 3 à 7 t par hectare, les nouveaux plants devraient permettre de passer à une production de 10 à 15 t par ha pour la variété Kent et de 15 à 20 t par ha pour les variétés Keitt et Palmer.
Il prévoit par ailleurs la création d’une plateforme logistique spécialisée de 5 ha au port d’Abidjan, qui permettra d’absorber une bonne quantité de mangues destinées à l’exportation, ainsi que la création d’une unité de production de jus concentré spécifiquement destiné au marché saoudien. Comme dans les autres filières agricoles, l’un des objectifs pour gagner en valeur ajoutée est de développer la transformation locale.
Plusieurs projets d’unités de séchage de mangues sont à l’étude, qui doivent aussi permettre de créer des emplois. Une phase pilote financée par le Firca, la Banque mondiale et le Programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAO) est en cours d’exécution.
La chasse aux mouche est ouverte !
L’un des principaux défis reste de gagner la lutte contre la mouche des fruits, véritable fléau pour les producteurs ouest-africains : aux portes de l’Union européenne, si la présence d’un seul insecte est constatée à l’intérieur d’un conteneur de mangues, la totalité de sa cargaison est alors « interceptée » et détruite. Au début de 2015, le ministère de l’Agriculture a notamment lancé une campagne de traitement phytosanitaire à base de pesticides biologiques sur 20 000 ha de vergers dans le nord du pays.
Les efforts ont permis de réduire le nombre d’interceptions de mangues ivoiriennes de trente-quatre en 2014 à dix en 2015. Ils devraient s’intensifier grâce au plan régional de lutte de 15,4 milliards de F CFA qui vient d’être engagé contre ce fléau par la Cedeao.
Avec Jeune Afrique