Au Mali, les prévisions de productions céréalières sur 2016/17 seraient en hausse de 32,4% par rapport à la moyenne quinquennale, selon les données du gouvernement, mais des baisses importantes sont à signaler par endroits dans la bande du fleuve des régions de Mopti, Tombouctou et de Gao à cause des inondations d’août à septembre, rapporte Fews Net, agence de l’USAID, dans son dernire bulletin. On s’attend à une probable dégradation de la situation alimentaire à partir de mars dans les zones rizicoles de la bande du fleuve des cercles de Djenné, Gourma Rharous, Bourem et Gao.
Mais d’ici là, les perspectives de production de céréales et de disponibilités alimentaires sont dans la moyenne des années précédentes, voire bonnes, note le système d’information américain. Actuellement, l’offre de céréales est en hausse par rapport au mois passé dans les zones de production et stable ailleurs dans le pays. Les prix du mil/sorgho sont partout similaires ou inférieurs à la moyenne quinquennale sur tous les marchés des capitales régionales.
Dans les zones d’insécurité du nord de la région de Mopti et de celles de Gao, Tombouctou, Kidal, l’approvisionnement des marchés reste tributaire de l’évolution de la situation sécuritaire mais actuellement, leur approvisionnement couvre la demande.
Les conditions d’élevages se caractérisent par des pâturages bien fournis dans l’ensemble ; aucune épizootie n’a été signalée et la campagne de vaccination du bétail se poursuit notamment dans les régions de Tombouctou, Gao et de Kidal. La production de biomasse végétale est normale, voire nettement excédentaire à travers le pays.
Les marchés à bétail sont fournis dans la moyenne des années précédentes. Le prix de la chèvre qui est l’animal le plus vendu par les ménages pauvres est par rapport à la moyenne quinquennale en baisse de 7 à 30%. Les termes de l’échange chèvre/mil par rapport à la moyenne sont en hausse de 5 à 18%.
Les dernières opérations de distributions alimentaires gratuites par le Commissariat à la Sécurité alimentaire ont eu lieu en septembre et ont porté sur 11 428 tonnes (t) de céréales distribués par les ONG partenaires à plus de 700 000 personnes dans les régions de Gao, Tombouctou, Mopti, et Kidal. Environ 30% des ménages ont bénéficié des distributions gratuites de vivres.
Les scénarios possibles à mai 2017
Pour la période d’octobre à mai 2017, Fews Net fait état de différentes hypothèses dans son rapport do,nt nous reprenons de larges extraits.
- La situation aviaire : les dégâts habituels des oiseaux seront observés dans les zones rizicoles de la bande du fleuve Niger de l’office du Niger à Ségou à la région de Gao et dans la bande du Sahel occidental d’octobre 2016 à février 2017. La bonne disponibilité des graminées sauvages devrait limiter le niveau des dégâts sur les cultures. A partir de mars 2017, le tarissement habituel des mares dirigera les oiseaux vers les zones de contre-saison de riz où des dégâts légers à moyens seront enregistrés.
- Crue des fleuves : le niveau actuel de la crue sur les cours d’eau est supérieur à nettement supérieur à celui de l’année dernière à la même période et à la moyenne pluriannuelle. Selon les prévisions climatiques de l’Observatoire pour les prévisions des inondations dans le Delta intérieur du Niger (Opidin), la montée des eaux se poursuivra jusqu’en novembre et le niveau de la crue sera proche de celui de 1964, ce qui constitue une sérieuse menace. La superficie inondable qui est en moyenne de 14 000 ha sera proche de 22 000 ha.
- Productions agricoles : le niveau de réalisation globalement supérieur à la moyenne de plus de 20% dans le pays actuellement à quoi s’ajoute une bonne pluviométrie augurent d’un niveau de production moyen à supérieur à la moyenne dans le pays. Cependant, les pertes de culture liées aux inondations de juillet à septembre aussi bien par les pluies que par la crue réduiront de façon localisée les productions agricoles, notamment dans le delta intérieur du Niger et les régions de Tombouctou, Gao où la réduction des productions rizicoles (riz de submersion) pourrait atteindre 30% à plus de 50% de la moyenne.
- Les cultures de contre-saison : le niveau de remplissage des mares, lacs et fleuves augure des perspectives de production moyennes à supérieures à la moyenne pour les cultures de contre-saison à partir d’octobre pour les cultures maraichères et de mars pour les cultures de riz et de décrue dans les zones de décrue de Tombouctou, Kayes, Mopti et de Gao.
- La main d’œuvre agricole : les opportunités de main d’œuvre agricole qui seront liées aux travaux de récoltes pour la saison principale d’octobre à février et d’installation des cultures de contre-saison de janvier à mars seront moyennes à supérieures à la moyenne dans l’ensemble. Il en sera de même pour les travaux de nettoyage et de transport de fumier d’avril à mai dans les zones agricoles du pays.
- Mouvements du bétail et productions animales : le retour habituel des troupeaux de la transhumance sera observé à partir d’octobre. L’excédent de production de pâturages en plus des résidus de récolte et du bon niveau de reconstitution des points d’eau contribueront à maintenir un bon embonpoint pour le bétail d’octobre à mars.
- Migration et mouvements de population : les départs habituels de bras valides entamés depuis septembre se poursuivront vers les centres urbains, les zones de grandes productions du pays pour les travaux de récolte et voire des pays voisins. Les sites d’orpaillage qui seront ouverts après la période des cultures seront la destination privilégiée de beaucoup de migrants dans les régions de Kayes et de Sikasso. Les vivres et les revenus moyens envoyés ou rapportés par les migrants de mars à mai seront favorables à la satisfaction des besoins alimentaires et non alimentaires des ménages pendant cette période. Par ailleurs, la poursuite du retour des déplacés estimés à 33 042 personnes et des refugiés contraste avec de nouveaux départs dans les zones de conflit particulièrement dans les cercles de Kidal, Tenenkou et de Youwarou.
Avec commodafrica