Dans le cadre de son mandat de conseil à ses Etats membres, le Centre du riz pour l’Afrique (AfricaRice) a lancé mardi une mise en garde à l’égard de la qualité du riz importé notamment de Thaïlande.
En effet, le Centre déclare avoir récemment reçu des informations crédibles sur les plans de la Thaïlande d’exporter en mai et juin 11,4 millions de tonnes (Mt) de riz des stocks du gouvernement. Bien qu’il puisse paraître irréaliste d’exporter 11,4 millions de tonnes pendant deux mois seulement, il s’agit là d’une véritable épée de Damoclès au-dessus du secteur rizicole en Afrique, puisque l’Afrique pourrait être utilisé encore comme un dépotoir si l’on n’y prend pas garde, déclare l’organisation.
Récemment, poursuit-elle dans son communiqué, les journaux des pays d’Afrique de l’Ouest ont rapporté que du riz de qualité “inférieure à la normale” est en train d’être importé, en particulier des pays asiatiques puisque les marchés africains sont considérés comme “pas trop exigeants” en ce qui concerne les aspects de qualité. Au Sénégal, en particulier, la Police nationale a saisi récemment 22 690 t correspondant à une valeur de FCFA 6 milliards (€ 9,1 millions) de brisure de riz indien impropre à la consommation humaine..
Pour AfricaRice, ceci peut avoir notamment 3 conséquences qui peuvent être négatives pour l’Afrique. Au niveau des prix du riz sur le marché mondial, il ont été en hausse de 1 % et 2 % en février et mars, AfricaRice citant les chiffres d’Osiriz. Si la hausse excède 2 %, la Thaïlande va en effet gagner beaucoup d’argent tandis que la balance commerciale de l’Afrique sera défavorablement affectée, souligne le communiqué. D’autre part, une partie du riz thaïlandais destinée à l’exportation pourrait avoir été stocké pendant longtemps en utilisant des produits chimiques, ce qui pourrait avoir des effets néfastes sur les consommateurs. Enfin, le dumping de ces quantités massives de riz sur le marché du riz en Afrique va décourager la production et la vente du riz local.
D’où les conseils d’AfricaRice. D’une part, les gouvernements africains doivent adopter des mesures non-tarifaires basées sur la norme de qualité du riz importé. Deuxièmement, les agences gouvernementales, les importateurs et les producteurs de riz doivent suivre de près les mouvements du riz importé dans les marchés de riz en Afrique, notamment au travers de la mise en œuvre de programmes d’achat en vrac et de stockage du riz.Troisième conseil d’AfricaRice, partant du constat que le riz local est préféré au riz importé de même qualité, les gouvernements doivent encouragent la compétitivité du riz local en investissant plus largement dans les systèmes d’irrigation résilients au climat, dans les systèmes de transformation et de commercialisation et de porter la science rizicole au-devant du débat politique en Afrique.