Kiosque360. Alors que les décideurs se gargarisent de la résilience de notre économie, le rapport de la banque centrale présenté au souverain vient relativiser la performance de Maroc SA. Le rythme de croissance reste faible et notre place parmi les pays émergents est de plus en plus compromise.
Bank Al-Maghrib et son dirigeant, Abdellatif Jouahri, monopolisent les Unes des supports de presse économiques, dans leurs éditions du lundi 6 juillet. Les quotidiens nationaux rendent compte, en effet, du rapport de la banque centrale présenté au souverain le 3 juillet. Et, vu que les nouvelles sont loin d’être bonnes, chaque publication y va de son titre choc.
«Bank Al-Maghrib très inquiète!», titre en gros caractère L’Economiste qui consacre un dossier de trois pages au sujet. La bible du monde des affaires zoome, en premier lieu, sur la stagnation de la croissance non agricole depuis 2008. Celle-ci s’établit en moyenne à 3,1% sur les deux dernières années, alors que le rythme était nettement plus soutenu entre 2000 et 2008 avec un taux de croissance annuel moyen de 4,8%. «L’économie a encore du mal à se remettre de la crise de 2008 en partie en raison de son fort ancrage au marché européen où la reprise est lente», peut-on lire dans L’Economiste. Le quotidien s’attarde aussi sur l’absence d’évaluation des politiques: «Le pays enregistre l’un des taux d’investissement les plus élevés au monde, mais les résultats restent bien en dessous des espérances aussi bien en termes de croissance que de création d’emplois», s’étonne Abdellatif Jouahri. Autre angle traité par L’Economiste: l’effort insuffisant consenti en matière de réduction du train de vie de l’Etat. La preuve: les charges de l’administration s’alourdissent de plus de 5% et le déficit budgétaire ne doit son allègement qu’aux dons et à la décompensation.
Sur le même ton catastrophé, Aujourd’hui le Maroc a choisi de titrer: «la croissance bascule à 2,4%». Le quotidien rappelle que l’économie nationale affiche grise mine avec un taux de croissance qui a fondu de moitié entre 2013 et 2014. Une performance qui a inspiré un autre titre aux journalistes du supplément éco du Matin du Sahara. «Le Maroc s’éloigne de la trajectoire vers l’émergence, selon Jouahri», peut-on lire dans les colonnes du quotidien qui affirme que «l’économie nationale est restée en 2011 sur un palier de faible croissance avec une absence de signes tangibles et d’un dynamisme global générateur de richesses et d’emplois». Pendant ce temps, Les Inspirations Eco a choisi de regarder ailleurs. Le quotidien du membre du gouvernement, Moulay Hafid Elalamy, a plutôt choisi un tout autre angle du rapport: «Jouahri prône une thérapie de choc pour l’éducation», titre ainsi le quotidien.
La présentation du rapport de Bank Al-Maghrib est le rendez-vous annuel qui permet de donner le pouls de la dynamique économique du royaume, en toute indépendance et loin de toute considération politique qui peut prévaloir dans le discours du gouvernement.
Avec le360