Pour la première fois depuis vingt ans, les dirigeants du Port autonome de Cotonou sont allés en Europe à la rencontre des grands armateurs mondiaux. Objectif : attirer les navires de nouvelle génération.
« Le gouvernement du Bénin veut insuffler un nouveau dynamisme au management des activités portuaires. » Sous le crépitement des flashs des photographes, il fallait parfois tendre l’oreille pour écouter Huguette Amoussou Kpéto, la nouvelle directrice générale du Port autonome de Cotonou (Bénin), dérouler son argumentaire.
En octobre, c’est à Paris que la responsable, nommée en mai dans la foulée de l’élection de Patrice Talon, a conclu une mission qui l’a menée dans toute l’Europe, de La Haye à Rotterdam en passant par Anvers, Genève et Marseille, à la rencontre des grands armateurs mondiaux : Grimaldi, APM Terminal (filiale de Maersk Lines), MSC, CMA CGM et Bolloré Africa Logistics.
Un événement en soi. « Cela faisait plus de vingt ans que la communauté portuaire n’était pas venue à leur rencontre », témoigne Bernard Amoussou-Sossou, l’énergique patron de la Société béninoise des manutentions portuaires (Sobemap). Conduisant une délégation composée du commandant du Port, des responsables des douanes et de la manutention portuaire, la directrice générale a défendu les atouts du port et les efforts de modernisation en cours.
Délocalisation
Le port, qui a perdu depuis plusieurs années de nombreuses parts de marché par rapport aux ports de Lomé (Togo), de Tema (Ghana) et d’Abidjan (Côte d’Ivoire) – moins 50 % de recettes douanières au premier trimestre de 2016, d’après le Journal de la marine marchande –, souhaite attirer des navires plus gros et de plus grande capacité.
Ceux de la nouvelle génération, avec leurs 300 m de long, leurs coques de 14 m de tirant d’eau et qui permettent de réduire le coût du transport. Des travaux ont donc été engagés en 2014, avec notamment l’agrandissement des bassins, qui rendent désormais possible l’accueil des bateaux de plus de 10,5 m de profondeur.
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Le quai sud, exploité par Bolloré, a été réaménagé dans l’attente de la réhabilitation du quai nord. « Un bateau passe plus de quinze jours à quai, alors qu’il devrait sortir au bout de vingt-quatre heures », ajoute Bernard Amoussou-Sossou. Ainsi les activités de chargement et de déchargement de conteneurs à destination des pays de l’hinterland (Niger, Mali, Burkina et Tchad) ont-elles été délocalisées au port sec d’Allada (à 40 km de Cotonou), opérationnel depuis le 10 octobre. Les conteneurs qui partent au Nigeria et ceux restent au Bénin transitent par le terminal de Zongo. Un troisième port sec est prévu.
Un plan d’élargissement pour un meilleur rayonnement
Dans la foulée, un plan d’investissements de 12 milliards de francs CFA (environ 18 millions d’euros), réalisé aux deux tiers, a été engagé pour doter le port d’engins de manutention modernes. Par ailleurs, un guichet unique pour les formalités a été créé en 2011, et, en 2014, la douane s’est informatisée.
« Nous contribuons à 80 % aux recettes fiscales du pays. La douane ne peut pas être un goulet d’étranglement pour les échanges. On contrôlera seulement les marchandises à risques », expose Marcellin Laourou, secrétaire général des Douanes.
Si l’objectif d’Huguette Amoussou Kpéto est d’accroître de 2 à 3 millions de tonnes le volume de marchandises qui transitent par le port (9 millions en 2015), elle a, à l’issue de sa tournée européenne, franchi une première étape : les armateurs se sont engagés à y faire accoster plus de bateaux.
« Ils ont constaté que le port a changé de stratégie depuis l’arrivée de Talon », observe le patron de la Sobemap. Avec ces appuis, ce port, plus petit que ses concurrents, peut devenir une escale qui rayonne dans tout le golfe de Guinée. « Nul besoin de 10 km de quais. Avec les bons outils, on peut avoir un port petit mais très attractif », conclut-il.
Avec Koaci