L’Afrique est en plein progrès. Et le nombre des femmes instruites augmente de jour en jour. On est bien loin des années 70 où les femmes étaient très peu allées à l’école (environ 20 fois plus qu’en 1970). Le rôle des femmes dans le domaine scientifique aujourd’hui a ainsi évolué et plusieurs s’illustrent en exemple.
Depuis les pionnières Wangari Muta Maathai, (première femme africaine sacrée Prix Nobel de la Paix, première femme titulaire d’un doctorat de l’Afrique de l’Est à l’Afrique Centrale et première femme professeur au Kenya) et Segenet Kemelu (lauréate 2014 du Prix L’Oréal-UNESCO pour l’Afrique et les Etats Arabes), plusieurs gouvernements ont pris conscience du grand atout que constitue la femme pour un meilleur avenir économique de leur pays. Et pour Lydia Makhubu, présidente de la Third world organization for women in science (TWOWS) et vice-recteur de l’Université du Swaziland, les choses s’expliquent d’elles-mêmes:
« Considérant l’importance de la famille et des enfants aux yeux des femmes, nous avons une approche unique de la science et de son application, favorisant et valorisant la dimension humaine des sciences et de la technologie par l’amélioration de la qualité de vie et de la condition humaine. »
D’après elle, en effet, un meilleur accès à l’éducation et aux sciences pour les filles a longtemps été l’une des principales préoccupations en matière de développement, précisément en raison des effets positifs à long terme sur l’individu, la famille et la société en général.
Sur le continent le Lesotho et le Cap Vert sont les pays qui ont bien assimilé la leçon, avec respectivement 55,7% et 52,3% de femmes dans le secteur des recherches scientifiques. En revanche, la Guinée s’illustre en très mauvais élève avec seulement un taux de 5,8 % de femmes dans la recherche scientifique.
Des pionnières de renom
Pourtant, l’influence des femmes scientifiques sur la société est bien plus que prouvée. Lorsque le Dr Wangari Muta Maathai a mis sur pied, au Kenya en 1977, le projet ”The Green Belt” (en français, ceinture verte) pour combattre la déforestation qui menaçait les agriculteurs et leurs terres, elle a encouragé les femmes à planter des arbres et à adopter un modèle plus écologique. Résultat, plus de 3 millions d’arbres ont été plantés. Et son expérience s’est dupliquée dans plusieurs pays à travers le continent.
En Afrique du Sud, Dr Patience Mthunzi aussi s’est illustrée. Chercheuse au National laser centre au council for scientific and industrial research (CSIR), elle jouit d’une notoriété internationale pour son travail en bio-photonique, une science nouvelle qui s’appuie sur l’étude microscopique des cellules et des molécules grâce au laser. Ses recherches sont utilisées dans les sciences de l’environnement, l’agriculture et même en médecine. Actuellement elle travaille sur un test sanguin laser de dépistage du VIH, et utilise le laser dans le traitement du cancer, dans les recherches sur les cellules souches et sur les maladies neuro-dégénératives). Au passage, elle apparaît dans le dernier classement Forbes des 20 jeunes femmes les plus influentes d’Afrique.
Tout comme beaucoup leurs paires, ces femmes se battent pour permettre à la gent féminine d’avoir sa place dans la corporation des chercheurs. Des Marie Curie africaines, pourrait-on dire.
Des efforts de promotion du genre dans la science
L’ « African women’s forum on science and technology » a mis sur pied depuis quelques années un programme de parrainage, sous forme de binômes, permettant la collaboration sur des projets innovants entre scientifiques expérimentées et plus jeunes.
De même, l’antenne au Burkina Faso du « Forum for african women educationalists » (FAWE), une organisation qui œuvre pour la promotion de l’égalité des sexes et l’éducation en Afrique, met davantage l’accent sur l’importance de développer, chez les filles, une réflexion sur leur propre identité. Objectif: les aider à développer des notions positives telles que la conscience de soi et l’estime de soi. Une chose qu’explique Absétou Lamizana, directrice du Fawe-Burkina Faso.
« Le manque d’ambition, de confiance en soi et d’estime de soi sont des obstacles pour les filles, en particulier dans une culture où l’inégalité des sexes et les attitudes rétrogrades à l’égard du rôle des filles et des femmes sont profondément ancrées. Cela crée un environnement dans lequel elles ont très peu confiance en elles-mêmes et sous-estiment leurs capacités. »
Malgré tous les efforts, les femmes du continent doivent faire face à un obstacle majeur. Celui de la sous-alphabétisation des femmes et des choix éducatifs. Selon le dernier rapport mondial de suivi de « Éducation Pour Tous (EPT) », en Afrique, environ 54% des filles en âge d’aller à l’école primaire n’y ont jamais été. Les femmes représentent moins de 20% des étudiants dans les disciplines scientifiques de l’enseignement supérieur et dans les séries scientifiques au lycée.
Si tant est que comme le disait Christine Lagarde au Forum de Davos, « quand les femmes progressent, les économies progressent », les pays africains devraient beaucoup plus promouvoir le couple Femme & Science et Technologie afin de mieux construire leur programme de développement.
avec afrique.latribune