Sous la pression urbaine, l’habitat précaire a proliféré autour des grandes agglomérations africaines. Des politiques sont élaborées pour la construction de logements sociaux, qui font parfois appel à des compétences étrangères.
La construction de logements, notamment sociaux, est une question prioritaire pour tous les pays subsahariens. La pression urbaine rend l’accès à un habitat décent de plus en plus difficile, et les constructions anarchiques ont proliféré dans la périphérie des grandes agglomérations. Mais, dans la plupart des États, la promotion immobilière n’est pas encore entrée dans les mœurs. Sur le continent, le logement social est plutôt destiné à la vente.
Aussi, faute de moyens financiers, partout les ménages privilégient l’autoconstruction, et la plupart des maisons ainsi sorties de terre ne respectent pas les normes en vigueur. « Atteindre cet objectif nécessite beaucoup de pédagogie. Nombreuses sont les familles qui craignent de s’endetter sur dix, quinze ou vingt ans pour financer leur achat », explique Christian Agossa, directeur de la Caisse régionale de refinancement hypothécaire (CRRH) de l’UEMOA. Et même lorsqu’elles décident de franchir le pas, elles rencontrent encore des difficultés pour accéder à des prêts acceptables.
Néanmoins, les banques, aidées par exemple par des institutions comme la CRRH, ont fait des efforts. Et les taux ont baissé en quelques années. Mais, en dépit des volontés politiques affichées, tous les programmes immobiliers accusent du retard en Afrique francophone. « Les objectifs sont définis par des technocrates qui n’ont pas forcément connaissance de toutes les contraintes. Il y a nécessairement une courbe d’apprentissage », estime Christian Agossa.
Produire des logements sociaux en masse vendus entre 7 et 10 millions de F CFA (entre 10 700 et 15 200 euros) demeure en effet une grande nouveauté pour les États subsahariens, y compris pour des pays qui ont déjà une certaine expérience dans ce domaine, comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire et, dans une moindre mesure, le Mali.
Et aucun d’entre eux ne dispose des entreprises de BTP capables d’absorber un carnet de commandes de plusieurs dizaines de milliers de logements en l’espace de trois ou quatre ans. D’ailleurs, au Sénégal, mais aussi au Rwanda ou au Congo-Brazzaville, les pouvoirs publics font appel à des compétences étrangères, qu’elles soient chinoises ou marocaines.