C’est la première incursion de Brazzaville sur le marché des obligations dans la zone Cemac. Selon nos informations, la levée de fonds prévue est de 150 milliards de F CFA (229 millions d’euros).
Le gouvernement de la République du Congolance son premier emprunt obligataire sur le marché financier de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac). Brazzaville est sur le point d’émettre 150 milliards de F CFA (229 millions d’euros) d’obligations, selon nos informations. D’une valeur nominale de 10 000 F CFA, ces obligations portent un coupon de 6,5 % par an (net d’impôts pour les résidents de l’espace Cemac). Leur maturité est de 5 ans, avec un différé de remboursement d’une année. La période de souscription court du 12 au 22 décembre 2016.
Apurement de la dette intérieure
Les ressources mobilisées serviront au « financement des projets de développement inscrits au budget 2016 de l’État et [à l’]apurement partiel de la dette intérieure », selon le document d’information envoyés aux investisseurs, dont Jeune Afrique a reçu une copie.
Au total, 48 milliards de F CFA seront consacrés à restructurer des créances du gouvernement auprès des banques locales.
Le déficit du budget pourrait atteindre -400 milliards de F CFA cette année
Le reliquat (soit 102 milliards de F CFA) servira principalement à apurer les factures de l’État auprès d’entreprises engagées sur plusieurs chantiers phares notamment l’électrification de la zone industrielle de Malakou, au sud-est du pays, ainsi que la construction de la route Dolosie-Brazzaville, de 12 hôpitaux généraux, de logements sociaux et de la cité internationale des affaires de Brazzaville.
Le budget 2016, amendé en juin dernier, prévoyait un écart de l’ordre de -270 milliards de F CFA entre les dépenses et les recettes. Ce déficit pourrait atteindre -400 milliards de F CFA cette année, selon nos informations.
Opération prévue dans la loi de Finances
Brazzaville est le dernier grand pays de la Cemac à faire le pari du financement sur le marché obligataire local – une option pourtant recommandée par le FMI -, en préférence aux marchés internationaux en devises -, après le Cameroun, le Gabon et le Tchad.
Si le timing de cette émission, à quelques semaines de la fin de l’année, peut surprendre, du côté de Brazzaville on rappelle qu’elle est en préparation depuis le début du second semestre. « Cette opération n’a pas été réalisée dans la précipitation. Elle est prévue dans la loi de Finances initiale et dans la loi de Finances rectificative. Par ailleurs, il faut tenir compte du fait qu’un nouveau gouvernement a été mis en place fin avril, à la suite de l’élection présidentiel de mars », insiste une source au ministère des Finances.
Pour réaliser cette grande première, le gouvernement a fait confiance au bureau camerounais d’EDC Investment Corporation (filiale de la branche d’investissement d’Ecobank), qui a été désigné arrangeur et chef de file de l’opération. Il est dirigé depuis Douala par Adonis Seka. Le syndicat de placement comprend également Financia Capital du financier Serge Yanic Nana et Attijari Securities Central Africa au Cameroun, LCB Capital et La Financière au Congo-Brazzaville, et BGFI Bourse au Gabon.