Plus de viande, plus de produits laitiers : avec l’amélioration du niveau de vie, la demande d’aliments d’origine animale devrait tripler sur le continent d’ici à 2050. Une occasion unique de structurer et de moderniser le secteur.
L’Afrique est à l’aube d’une révolution en matière d’élevage. Jusqu’à présent simple spectatrice, elle n’échappera pas à la tendance déjà observée en Amérique latine et en Asie : la croissance du revenu par habitant, le dynamisme démographique et l’urbanisation vont entraîner une hausse considérable de la consommation de produits alimentaires d’origine animale.
Aspirations
Selon les projections de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en 2050, les marchés de la viande et du lait sur le continent auront plus que doublé pour atteindre respectivement 34,8 et 82,6 millions de tonnes.
« De plus en plus d’Africains s’apprêtent à rejoindre la classe moyenne. Leurs aspirations diététiques évoluent, et les familles cherchent à introduire davantage de protéines animales dans leur régime quotidien », analyse Colin Watson, expert des questions agricoles chez l’investisseur sud-africain Phatisa, qui gère notamment le fonds spécialisé African Agriculture Fund (AAF). Toujours selon la FAO, le marché des aliments d’origine animale sur le continent, estimé à 51 milliards de dollars (environ 35 milliards d’euros) en 2005-2007, devrait presque tripler d’ici à 2050.
« À force de recourir massivement aux importations de nourriture, l’Afrique risque de manquer une importante occasion de développement. »
L’institution est formelle : les producteurs locaux éprouveront toujours plus de difficultés à suivre le rythme. Ainsi, sur la même période, les importations de viande devraient plus que quintupler, passant de 0,9 à près de 5 millions de tonnes, quand celles de lait devraient quasiment doubler, jusqu’à 10,2 millions de tonnes.
Produire localement
À force de recourir massivement aux importations, l’Afrique risque de manquer une importante occasion de développement. « Produire localement la nourriture en ayant recours aux meilleures pratiques internationales, avec de grandes exploitations et des méthodes intensives : voilà la marche à suivre », défend plutôt Colin Watson. Dans ce domaine, presque tout reste à faire.
Le Maroc a pris de l’avance dans la production de lait, la source de protéines animales la plus abordable. Centrale laitière, filiale du français Danone, réalise ainsi un chiffre d’affaires de 600 millions d’euros et compte 120 000 éleveurs partenaires.
La filière locale de la viande rouge demeure quant à elle peu développée. La faute, selon Hammou Ouhelli, président de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (Fiviar), à des abattoirs vétustes, « toujours sous la coupe des collectivités locales ».
(avec jeunfeafrique)