Tiéné Birahima Ouattara : Ministre d’Etat, Ministre de la Défense
Dans l’organigramme du pouvoir ivoirien, certains noms reviennent avec constance, tissant une toile d’influence où la discrétion côtoie la stratégie. Parmi eux, celui de Téné Birahima Ouattara s’impose avec une sobriété tenace. Loin des éclats médiatiques, cet homme de devoir a su bâtir une trajectoire singulière au cœur de l’État, à la croisée de l’héritage, de la loyauté et d’une rigueur implacable.
Né aux environs de 1955, Téné Birahima Ouattara, souvent surnommé « Photocopie » pour sa ressemblance troublante avec son frère aîné, le président Alassane Ouattara, est bien plus qu’un simple portrait en miroir. Il est un rouage essentiel, un technocrate méticuleux devenu stratège de premier plan dans les arcanes du pouvoir.
Issu d’une famille à l’empreinte politique marquée – son frère Gaoussou fut maire de Kong, sa sœur Aissiata dirige la commune de Gbéléban – il descend d’une lignée illustre : celle de l’empereur Sékou Oumar Ouattara, fondateur de l’empire de Kong. Une origine noble qui inscrit son parcours dans une tradition d’autorité et de leadership régional.
Avant d’entrer dans le sérail politique, Téné Birahima forge ses armes dans le secteur bancaire. De la Société Générale de Banques en Côte d’Ivoire, où il dirige les exploitations durant une décennie, à la Banque Atlantique dont il devient le secrétaire général, il se distingue par sa rigueur financière et son sens de la gestion. Il dirige ensuite plusieurs structures privées jusqu’en 2011, date à laquelle il choisit de répondre à l’appel du service public auprès de son frère devenu président.
Mais l’engagement de Téné Birahima ne date pas d’hier. En 1994, il participe à la création du Rassemblement des Républicains (RDR), le parti fondé autour d’Alassane Ouattara, dont il devient le trésorier. Un rôle de l’ombre, mais stratégique, qui préfigure déjà sa posture de gardien vigilant du temple.
Élu député de Kong en 2011, il en devient maire de 2013 à 2018, avant de prendre la tête du Conseil régional du Tchologo, fonction à laquelle il est réélu en 2023. Mais c’est au sommet de l’État qu’il déploie toute sa mesure. Ministre des Affaires présidentielles dès 2012, il orchestre les finances de la Présidence, rationalise les dépenses et centralise les services sensibles liés à la sécurité nationale. Il siège au Conseil national de sécurité, où sa voix pèse lourd dans les décisions cruciales.
En 2019, il est nommé Commandant en chef de l’Unité de lutte contre le grand banditisme, un signal fort de la confiance que lui accorde le chef de l’État sur les dossiers sécuritaires. Puis, en 2021, dans un moment de crise, il est désigné ministre de la Défense par intérim pour succéder à Hamed Bakayoko, gravement malade. Cette nomination, plus qu’une promotion, sonne comme une reconnaissance : celle d’un homme prêt à tenir la barre dans la tempête. Reconduit dans cette fonction en 2022, il devient une figure-clé de la stabilité sécuritaire du pays.
Téné Birahima Ouattara, c’est la constance du second rôle devenu incontournable, le gestionnaire rigide devenu pilier politique, le frère du président devenu homme d’État à part entière. Dans une Côte d’Ivoire en quête de continuité et de confiance, il incarne un certain style de gouvernance : austère, loyal, et terriblement efficace. Un maillon fort, silencieux, mais résolument stratégique.