Nialé Kaba : Ministre de l’Economie, du Plan et du Développement
Dans les coulisses du pouvoir, il est des figures qui, loin des projecteurs, façonnent avec rigueur et détermination les fondations d’un pays. Nialé Kaba est de celles-là. Silencieuse mais influente, méthodique sans jamais être effacée, elle incarne depuis plus de trois décennies une certaine idée de la compétence au service de l’État.
Née en 1962 à Bouko, dans le nord-est de la Côte d’Ivoire, Nialé Kaba est une pionnière dans un monde où les femmes ont longtemps été sous-représentées dans les sphères décisionnelles économiques. Elle choisit très tôt le langage des chiffres pour bâtir son avenir. Baccalauréat série C en poche en 1981, elle gravit méthodiquement les échelons académiques : une maîtrise en sciences économiques à l’université d’Abidjan-Cocody, suivie d’un diplôme d’ingénieur en statistiques économiques au prestigieux CESD de Paris, puis d’un DEA en économie internationale à la Sorbonne. En 1993, elle parachève ce parcours par une formation à l’Institut du Fonds Monétaire International. Autant dire que son expertise économique n’est pas le fruit du hasard.
Sa carrière débute dans l’enseignement, à l’École nationale supérieure de statistique et d’économie appliquée (ENSEA), où elle transmet la complexité de la macroéconomie. Très vite, cependant, c’est dans l’administration publique qu’elle va s’imposer. De 1991 à 2000, elle est successivement chargée d’études, chef de cabinet du Premier ministre, puis directrice adjointe au ministère de l’Économie et des Finances. De 2003 à 2005, elle poursuit son ascension comme directrice de cabinet au ministère de l’Artisanat, avant de prendre les rênes de Côte d’Ivoire Tourisme de 2005 à 2007.
Lorsque la Côte d’Ivoire s’engage dans un nouveau cycle de reconstruction politique et économique, après la crise de 2010-2011, Nialé Kaba est appelée au gouvernement. En 2011, elle est nommée ministre de la Promotion du Logement. L’année suivante, elle devient ministre déléguée chargée de l’Économie et des Finances, aux côtés du Premier ministre, poste qu’elle occupe jusqu’en 2016. Puis elle prend les commandes du ministère du Plan et du Développement, dont elle fait une machine de projection et de transformation. En octobre 2023, elle est reconduite dans le gouvernement Beugré Mambé, cette fois à la tête d’un portefeuille élargi : celui de l’Économie, du Plan et du Développement.
Si son style est discret, sa réputation est éclatante. Elle ne fait pas de bruit, mais fait avancer les chiffres. En 2015, l’hebdomadaire Jeune Afrique la classe parmi les 50 femmes les plus puissantes du continent, saluant sa rigueur et son mérite. Surnommée « la ministre au mérite », elle est reconnue pour sa maîtrise des dossiers les plus techniques, son approche pragmatique et son attachement à une gouvernance fondée sur les résultats.
Nialé Kaba incarne une technocratie assumée, moderne et rigoureuse. Elle est cette cheville ouvrière de la croissance économique ivoirienne, qui œuvre sans tapage mais avec efficacité à la transformation structurelle du pays. Dans une époque avide de symboles, elle est plus qu’un modèle : elle est une référence.