Anne Désirée Ouloto : Ministre d’Etat, Ministre de la Fonction Publique et de la Modernisation de l’Administration
Anne Désirée Ouloto. Un nom qui claque dans l’actualité politique ivoirienne depuis plus d’une décennie. Une femme de terrain, de verbe et de caractère, qui s’est imposée dans un univers longtemps dominé par les hommes. Sa trajectoire est celle d’un engagement profond, enraciné dans la terre rouge du Cavally, et nourri par une détermination à faire entendre la voix des oubliés, des marginalisés et des périphéries.
Née le 20 avril 1966, cette native du département de Toulepleu a grandi dans une Côte d’Ivoire où les femmes politiques se comptaient sur les doigts d’une main. Après un bac littéraire, elle débute des études de droit qu’elle interrompt lors de la crise étudiante de 1990. Plutôt que de courber l’échine, elle bifurque avec résilience vers l’enseignement, devenant institutrice. Un choix fondateur : transmettre, élever, éveiller.
Mais très vite, Anne Ouloto voit plus grand. Elle entre par la petite porte dans l’administration publique comme assistante juridique à l’ANARE en 2000. Cinq ans plus tard, elle franchit un nouveau cap en devenant chargée d’études, puis cheffe de cabinet au ministère de l’Enseignement supérieur. Elle s’impose progressivement comme une voix qui compte. Militante du Rassemblement des Républicains (RDR), elle devient l’une des porte-étendards de la campagne d’Alassane Ouattara pendant la crise post-électorale de 2010-2011, occupant avec fermeté et éloquence le rôle de porte-parole. Une prise de parole qui marquera les esprits, dans une période aussi incertaine que décisive.
La récompense politique ne tarde pas : en juin 2011, elle entre au gouvernement en tant que ministre de la Salubrité urbaine. Suivront plusieurs portefeuilles, dont celui de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant. En avril 2021, elle prend les rênes de la Fonction publique et de la Modernisation de l’Administration. Un poste stratégique, où elle mène tambour battant les réformes d’un appareil d’État souvent englué dans les lenteurs administratives.
Mais Anne Désirée Ouloto, c’est aussi une figure de proximité, viscéralement attachée à sa région. Battue en 2013 dans le Cavally, elle revient plus forte en 2018, élue présidente du Conseil régional. En 2023, elle confirme cette légitimité locale en remportant haut la main sa réélection face à une coalition PDCI–PPA-CI, incarnée par Hubert Oulaye.
Son travail est salué au plus haut niveau. En 2022, elle décroche le titre de Meilleur président des conseils régionaux et districts autonomes, le prestigieux “Prix du Président d’or”. En 2023, c’est le Prix national d’Excellence qui vient couronner son action. Elle est également élevée au rang de Commandeur dans l’ordre du Mérite de la Fonction publique. Une reconnaissance institutionnelle qui épouse une trajectoire forgée dans la rigueur et la constance.
Anne Ouloto, c’est une voix. Une voix parfois tranchante, souvent passionnée, toujours assumée. Elle incarne une génération de femmes politiques qui n’attend plus qu’on leur cède une place, mais qui la conquiert, pas à pas, discours après discours, projet après projet.
Derrière la fonctionnaire aguerrie, la politicienne pugnace, la ministre chevronnée, il y a une femme de convictions. Et dans la politique ivoirienne contemporaine, Anne Désirée Ouloto fait figure de pilier. Une “Dame de fer” à l’ivoirienne, mais surtout, une voix forte qui ne tremble pas.