Adama Diawara : Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
Dans les arcanes feutrés de la recherche scientifique comme dans les couloirs souvent agités de la politique, Adama Diawara s’impose par une constante : la rigueur. À 64 ans, cet universitaire devenu ministre incarne un profil rare dans le paysage politique ivoirien, celui d’un intellectuel engagé, passé maître dans l’art de conjuguer savoir académique et responsabilité publique. Depuis mai 2020, il est à la tête du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, avec la mission ambitieuse de repositionner le système universitaire ivoirien au cœur du développement.
Né le 12 août 1960 à Adjamé, dans le tumulte populaire d’Abidjan, mais originaire de Diawala, dans le septentrion ivoirien, Adama Diawara est un pur produit de l’école publique. Il décroche en 1980 un baccalauréat série C au lycée classique d’Abidjan, temple d’excellence, avant de plonger dans l’univers exigeant des sciences physiques. Il gravit les échelons académiques à l’université de Cocody — aujourd’hui Félix-Houphouët-Boigny — puis s’exporte à Clermont-Ferrand et Bordeaux, en France, où il décroche un doctorat en physique de l’atmosphère, spécialité agro-météorologie, en collaboration avec l’INRA.
Mais chez Adama Diawara, la science n’est jamais restée cloîtrée dans les laboratoires. Dès 1991, il entame une carrière d’enseignant-chercheur, bâtissant patiemment sa crédibilité sur les bancs de la faculté des sciences de l’université de Cocody. Devenu maître de conférences en 2015, il s’est aussi illustré dans des sphères moins visibles mais tout aussi cruciales : la planification, l’évaluation et la recherche appliquée. Il dirige la station géophysique de Lamto, haut lieu de la sismologie ouest-africaine, préside la Société ivoirienne de physique (SIPHYS) et fonde le Réseau ivoirien de Suivi et d’Évaluation (RISE), convaincu que les données doivent guider l’action publique.
C’est fort de cette expertise transversale qu’il entre en politique. Conseiller à la présidence, puis au cabinet du Premier ministre, il devient une référence dans les dossiers liés à l’éducation, la formation professionnelle et la recherche. Sa nomination en 2020 au ministère de l’Enseignement supérieur n’est donc pas une surprise : elle marque l’entrée au gouvernement d’un homme de méthode, d’un scientifique dans l’âme, mais aussi d’un militant chevronné du Rassemblement des républicains (RDR).
Car oui, derrière la blouse blanche, Adama Diawara est aussi un homme de parti. Dès les années 2000, il s’implique activement dans le tissu militant, d’abord dans la commune de Yopougon, puis au sein des structures universitaires du RDR. Il en gravit les échelons : secrétaire de section, président de cellule, stratège électoral en 2010, puis secrétaire national chargé de l’éducation et de la recherche scientifique. Aujourd’hui, il est une figure du RHDP, la coalition au pouvoir.
Décoré Officier de l’ordre du Mérite ivoirien en 2021, puis élevé au rang de Commandeur de l’Ordre international des Palmes académiques du CAMES en 2022, Adama Diawara n’a rien du ministre de façade. Il parle évaluation, réformes pédagogiques, employabilité des diplômés. Sa vision : un enseignement supérieur moderne, compétitif, connecté aux besoins réels du marché de l’emploi.
Dans un pays où l’université a longtemps été secouée par les crises politiques et les grèves à répétition, son approche technocratique tranche. Calme, précis, peu enclin aux effets de manche, il incarne une autre idée de la gouvernance : celle qui préfère l’efficience à l’esbroufe, les chiffres aux promesses.
Adama Diawara, c’est la preuve qu’on peut être un homme d’idées et d’action, que le savoir n’est pas un luxe mais un levier, et qu’il est encore possible, en Côte d’Ivoire, de faire rimer politique avec compétence.