Le groupe Sifca a ouvert à Jeune Afrique les portes de sa raffinerie d’huile de palme à Abidjan, la plus grande du continent. Visite guidée.
Comme chaque matin, Vridi fourmille d’activité. C’est ici, dans cette immense zone industrielle où se croisent patrons, travailleurs et transporteurs, que bat le coeur économique d’Abidjan – et d’une grosse partie de la Côte d’Ivoire. Le Port autonome d’Abidjan, l’un des plus actifs en Afrique de l’Ouest, n’est qu’à quelques centaines de mètres. L’endroit résume à lui seul le riche passé industriel de la première économie francophone d’Afrique de l’Ouest. Mais des nombreux joyaux de Vridi, il en est un qui brille plus que d’autres : l’usine Sania. Installé de part et d’autre d’une route, le site est géré par le groupe privé ivoirien Sifca. Surplombant de plusieurs têtes les hauts murs d’enceinte, la plus grande usine d’huile de palme d’Afrique fonctionne jour et nuit, sept jours sur sept.
Coulibaly Tiegbe, le directeur de l’usine, et Hervé Koukou, un jeune cadre, connaissent le site comme leur poche. Le premier est un ancien de Cosmivoire (l’ancêtre de Sania), comme plusieurs de ses collaborateurs. Le second, un ingénieur agronome parti se former pendant six mois en Malaisie chez PGEO Group, l’un des plus grands producteurs asiatiques d’huile de palme, filiale de Wilmar. Tous deux figurent aussi parmi les rares techniciens africains spécialistes de l’huile la plus consommée de Kinshasa à Conakry. Discrets, chaleureux, mais au final pas peu fiers. « Wilmar a construit deux usines, au Nigeria et au Ghana, raconte Coulibaly Tiegbe. Ils y ont connu quelques difficultés et ont fait appel à une équipe de chez nous pour les aider. » Les émissaires viennent de rentrer, heureux d’avoir pu aider un groupe qui est à la fois actionnaire de Sania mais aussi l’un des tout premiers producteurs d’huile de palme au monde.
À Vridi, il faut quatre heures pour transformer l’huile, déjà raffinée une première fois par d’autres entreprises, en véritables produits alimentaires : l’huile de table, bien sûr, mais aussi la margarine. Le rejet blanc et presque solide qui coule des machines, la stéarine, est vendu à Unilever pour être transformé en savon. Depuis la salle des commandes flanquée d’ordinateurs et d’instruments de mesure, une poignée de techniciens contrôlent les principaux indicateurs de production et poussent les machines. La saison bat son plein. En avril et en mai, 1 500 tonnes sont produites chaque jour, avec des pointes à 1 900 t.
Personne en Côte d’Ivoire n’avait la capacité de fabriquer les 20 000 bidons dont l’usine a besoin chaque jour.
Biomasse
L’usine, qui a été construite par le singapourien Lipico, a été inaugurée en juin 2010, quelques mois avant le déclenchement de la crise postélectorale. Dur démarrage, marqué par un arrêt total des activités pendant un mois et la perte de quantités importantes d’huile. Deux ans plus tard, il n’est plus d’autre trace de ces événements que les récits des employés, même si remettre en marche un tel monstre ne fut pas simple.
Vêtu d’une tenue de protection et de chaussures spéciales, le visiteur profite aujourd’hui d’une usine parmi les plus modernes. Sania est dotée d’une station de traitement des eaux usées et même d’une chaudière à biomasse alimentée par du bois de caoutchouc venu des plantations de Sifca. Le système est certes capricieux, mais aujourd’hui il marche. Chaque jour, entre 600 et 700 t d’huile sont conditionnées ici, dans des bouteilles en plastique que Sania doit produire elle-même. Personne en Côte d’Ivoire n’avait la capacité de fabriquer les 20 000 bidons dont l’usine a besoin quotidiennement. Preuve supplémentaire de la prouesse réalisée par Sifca et ses partenaires asiatiques.
(avec jeunfeafrique)