Manque de vision? Manque de jugement? Toujours est-il que les entreprises canadiennes ratent de magnifiques occasions d’affaires avec les quatre grands pays émergents que sont le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine (ou le BRIC, selon l’acronyme maintenant usuel).
Manque de vision? Manque de jugement? Toujours est-il que les entreprises canadiennes ratent de magnifiques occasions d’affaires avec les quatre grands pays émergents que sont le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine (ou le BRIC, selon l’acronyme maintenant usuel).
Tel est le principal constat d’une étude – très fouillée – du Conference Board rendue publique il y a quelques jours (The Rise of the BRICs – What does It mean for Canada?).
Ainsi, pour l’instant, moins de 2% des exportations canadiennes sont faites en Chine, bien que ce pays soit celui à l’appétit le plus gourmand.
«C’est beaucoup trop peu», notait dans un bref entretien avec La Presse Affaires une de ses chercheurs associés, Sheila Rao, qui a contribué de près à cette étude.
Autre donnée significative, note le Conference Board: le flux annuel des investissements du Canada en Chine représente moins de 1% du total.
L’industrie du savoir
«Les entreprises canadiennes devraient tirer profit des biens et services à faible coût offerts par le BRIC, particulièrement par la Chine et l’Inde, ce qui leur permettrait de mettre l’accent sur l’industrie du savoir, en se spécialisant dans les produits et les services à grande valeur ajoutée», soulignait Sheila Rao, par voie de communiqué.
À eux seuls, la Chine et l’Inde comptent pour 37% de la population mondiale avec leur population de 2,45 milliards d’habitants, et la croissance annuelle de leur produit intérieur brut (PIB) surpasse de loin celle des pays industrialisés, rappelle l’étude.
La classe moyenne
Les deux pays exportent toujours davantage, leurs revenus ne cessent donc de croître, si bien que leur classe moyenne gagne en importance, en même temps que les besoins de celle-ci en produits de toutes sortes, signale en substance le Conference Board.
Signe indubitable de la place de plus en plus grande qu’occupe la Chine à l’export: de quatrième acteur en 1997 en ce qui regarde les exportations à destination des États-Unis, celle-ci est désormais au deuxième rang, derrière le Canada, note l’organisme.
Citant la banque d’affaires états-unienne Goldman Sachs (GS), le Conference Board indique que la Chine devrait être devenue, en 2050, la première puissance économique mondiale, devant les États-Unis.
Toujours selon GS, les quatre pays du BRIC figureront alors parmi les six plus importantes économies de la planète.
Afin d’assurer la croissance soutenue de leur économie, les quatre mêmes pays auront à relever trois grands défis, d’après l’organisme.
Soit la dégradation accélérée de leur environnement, puis l’insuffisance de leurs infrastructures et enfin la disparité des revenus qui est source de tensions.
Or, indique le Conference Board, s’il est vrai que la pauvreté des infrastructures est susceptible de faire fuir les investisseurs, elle peut être vue, inversement, comme une occasion d’y faire des affaires, en contribuant à leur développement.
La pollution
Même chose, note l’organisme, en ce qui regarde les problèmes de pollution, auxquels les entreprises canadiennes peuvent offrir de s’attaquer.
Car les problèmes sont énormes, l’organisme rappelant que parmi les 20 villes sur la terre où l’air est le plus pollué, 16 sont des villes chinoises.
Les exportations de ces pays peuvent entraîner des pertes d’emplois pour des économies telles que celles du Canada et des États-Unis.
Toutefois, le danger concerne avant tout les secteurs qui emploient une main-d’oeuvre peu qualifiée et accentue l’importance pour le Canada de se tourner vers des produits et services à grande valeur ajoutée, toujours selon l’organisme.
Niveau d’instruction
Un des avantages du Canada par rapport à des pays comme la Chine et l’Inde: le niveau d’instruction et d’alphabétisation y est nettement plus important, le Canada possédant ainsi davantage d’atouts en matière d’innovation.
«Les chercheurs s’intéressent avant tout à l’Amérique du Nord, mais peu au BRIC. Mais il faut regarder au-delà des États-Unis, dit Sheila Rao. On est très contents pour notre part de s’y être intéressés.»
Organisme de recherche à but non lucratif, le Conference Board vit des frais qu’il demande pour ses services aux secteurs public et privé.
Avec La Presse