Selon le Boston Consulting Group, les grandes entreprises des pays émergents réalisent 60% de leurs acquisitions dans les nations développées. Un nombre croissant d’entre elles naissent hors des “Bric”.
Plus puissantes, plus innovantes, plus voraces et désormais présentes à travers le monde entier. Dans son rapport 2011 sur les “Global challengers” – les cent entreprises “bouleversant l’ordre économique mondial” et issues de pays émergents – le BCG (Boston Consulting Group) prévient que celles-ci “entament la décennie en position de force”. Le cabinet de conseil en stratégie affirme que, d’ici à cinq ans, une cinquantaine d’entre elles pourraient figurer dans le classement Fortune Global 500 des plus grandes sociétés du monde. Et à l’horizon 2020, ces entreprises devraient réaliser un chiffre d’affaires collectif de 8.000 milliards de dollars – soit le montant actuel des revenus des sociétés de l’indice S&P 500 – contre 1.300 milliards en 2009.
Des mastodontes
Parmi ces cent groupes figurent des mastodontes que la croissance, les opérations boursières ou l’appétit ont rendu célèbres, tels la major brésilienne Petrobras et le sidérurgiste russe Severstal. En quelques années, certains se sont hissés parmi les leaders de leur secteur, qu’il s’agisse du bâtiment (China Communications Construction) ou du papier (le brésilien Votorantim). Dans la liste figurent sept conglomérats internationaux, dont l’indien Tata Group, et leurs rangs sont amenés à s’élargir, assure le rapport. Moins connues, d’autres sociétés, comme le leader brésilien des cosmétiques Natura ou le groupe agroalimentaire mexicain Bimbo sont des géants en devenir, qui bâtissent patiemment leur empire international). “Les dirigeants des entreprises occidentales reconnaissent dorénavant que le nombre de sociétés (émergentes) dont les ambitions sont mondiales grandit”, note le rapport. Ses auteurs jugent toutefois que ces mêmes patrons “ne saisissent pas vraiment la portée” du phénomène.
Lors de la publication voilà cinq ans du premier rapport sur les “Global challengers”, la reprise récente des activités d’IBM dans les PC par le groupe informatique chinois Lenovo et la tentative de rachat de la major américaine Unocal par un autre chinois, CNOOC, “constituaient une nouveauté”. “Mais la nouveauté est depuis devenue la norme”, note le BCG. Au cours des dix dernières années, 60% des acquisitions réalisées à l’étranger par les sociétés du classement ont été effectuées dans des pays industrialisés, que ce soit pour élargir leur taille, acquérir des marques ou maîtriser des technologies. Ces opérations leur ont en moyenne coûté 554 millions de dollars, contre 337 millions pour leurs acquisitions dans des pays en voie de développement.
Si elles restent majoritaires dans la liste des “Global challengers” que vingt-trois entreprises viennent d’intégrer pour la première fois, les sociétés issues des “Bric” (Brésil, Russie, Inde et Chine) y sont moins nombreuses : on en compte 72 contre 80 voilà deux ans, seize pays étant représentés. “L’émergence de lions africains, de pumas latino-américains et de tigres asiatiques au-delà des “Bric” constitue l’un des points marquants du rapport 2011″, note Olivier Scalabre, directeur associé au BCG, citant notamment les sud-africaines Bidvest, Sappi et Sasol et de l’égyptienne El Sewedy Electric. “Les émergents hors des BRIC représente 20% de la population et 16% de l’économie mondiale, on ne peut donc plus les ignorer”, plaide le responsable.
Avec La Tribune