Le représentant de l’opposition au forum international de mobilisation et d’utilisation des ressources internes, qui a pris trois jours, a fait des grands déballages sur la gouvernance d’Alpha Condé, chef de l’Etat.
D’abord, Aboubacar Sylla a estimé que ce forum veut s’ouvrir à tous les Guinéens et tous ceux qui ont quelque chose à apporter dans la réflexion pour améliorer des conditions de vie des Guinéens à travers une gestion plus efficace et plus efficiente des ressources. « Je précise que quand on sollicite l’opposition, elle est parfaitement à mesure d’apporter sa contribution et participer au débat national sur les questions d’intérêt général », souligne-t-il.
Toutefois, le porte-parole de l’opposition à déploré que nos ressources soient difficilement collectées et dépensées dans certains cas, a-t-il précisé, sans beaucoup de parcimonie et de lucidité. « Les dépenses budgétaires ne sont jamais en harmonie avec les priorités y compris celles exprimées par le gouvernement lui-même », condamne M. Sylla.
Prenant son premier exemple sur le ministère de l’Agriculture, Aboubacar Sylla a regretté que le budget de ce département soit ‘’paradoxalement’’ réduit. « C’est totalement inimaginable », regrette-t-il.
Parlant du ministère des Travaux Publics, il a déploré que celui-ci ait constaté sa part divisé en deux entre l’exercice budgétaire passé et l’actuel alors que, affirme-t-il, tout le monde sait que l’état de dégradation de nos routes a atteint un niveau historique. « Malgré cela, au lieu d’augmenter les ressources affectées à ce secteur pour réduire le manque d’investissement dans ce secteur, on a fait exactement des baisses », clame-t-il.
Contrairement aux autres départements ministériels, Aboubacar Sylla a dénoncé que le budget de la Défense monte en crescendo chaque année. Pourtant, a-t-il indiqué, le pays n’est pas en situation de guerre.
« Paradoxalement, au niveau du secteur de la Défense, tous les ans, le budget va en crescendo alors que, notre pays n’est pas en situation de guerre. Aucun effort de guerre ne peut justifier que le budget de la Défense soit supérieur à celui de l’Education Pré-universitaire. Aucune situation actuelle ne peut justifier qu’on dépense près de 200 millions de dollars chaque année dans le secteur de la Défense alors que bizarrement, il n’y a aucune caserne modernisée. On ne voit même pas des armes de dernière génération dans ce pays. Donc, à ce niveau, il y a des coulages importants… », frappe le député Sylla qui estime que les ressources ne vont pas où elles doivent aller. « Certainement, il y a un réseau ou des personnes qui bénéficient cette manne financière pour des besoins non-citoyens », a-t-il condamné à nouveau.
S’exprimant sur le département de l’Enseignement Supérieur, l’ancien ministre de la communication n’a pas fait de cadeau. « J’ai toujours dénoncé au niveau de l’Assemblé nationale du fait que le gouvernement guinéen injecte bon an, mal an, 300 milliards de francs guinéens au financement des bourses des étudiants privés dans les universités publiques. Nous avons tellement discuté qu’aujourd’hui, au lieu que le gouvernement accorde 300 milliards, il est allé jusqu’à 400 milliards de nos francs », a-t-il fustigé.
Pour M. Sylla, cela veut dire que chaque année, l’Etat va dépenser plus de 40 millions de dollars pour financer des bourses dans les universités privées alors que, le ministre de l’Enseignement Supérieur M. Abdoulaye Yéro Baldé, a-t-il fait savoir, parle de délabrement de nos universités.
Autre remarque faite par le député Aboubacar Sylla, c’est le récent contrat portant sur la rénovation et l’extension de quatre universités à hauteur de 350 millions de dollars. Pour lui, cet important contrat mérite d’un appel d’offre a défaut, une consultation. « J’ai entendu parler d’un contrat de signature de réalisation de quatre universités à 350 millions de dollars. C’est-à-dire une moyenne de 90 000 de dollars par université. Cela me semble énorme. Je me demande est-ce qu’il y a eu un appel d’offre à défaut une consultation », dira-t-il.
Autre lacune extrêmement grave constatée par Aboubacar Sylla, est le non respect des lois du pays. « Depuis notre arrivée à l’Assemblée nationale, nous n’avons jamais vu comment est exécutée une loi de finance ou un budget. Nous n’avons jamais reçu la justification des écarts entre les prévisions ou les budgets adoptés par l’Assemblée nationale et les dépenses exécutées par le gouvernement. Tout ceci constitue des lacunes extrêmement graves qui amènent à une mauvaise utilisation de nos ressources », a également condamné Aboubacar Sylla.
Les procédures des passations de marchés publics et le principe de rédévabilité ont été aussi des sujets abordés par Aboubacar Sylla. Pour le premier cas, le député dira que la Guinée est un pays où il y a la prolifération des marchés de gré-à-gré. « Je ne reviendrais pas sur les résultats de l’audit qui a été commandé par le gouvernement lui-même puisque c’est révoltant… », estime-t-il.
Sur le deuxième sujet, M. Sylla a affirmé que la Guinée est le seul pays au monde aujourd’hui où, un gestionnaire de fonds publics peut faire deux à trois ans sans être soumis à aucun contrôle de gestion. « Chacun fait pratiquement ce qu’il veut là où il se trouve. Il y a une impunité totale qui garantit la mauvaise gestion des fonds publics », fustige-t-il.
Avec guineenews