Au Burkina Faso, les députés ont adopté un nouveau Code minier. Ce texte, qui modifie l’imposition sur les activités minières et met l’accent sur l’environnement, était très attendu par la société civile et les bailleurs de fonds. Les opérateurs miniers du pays y voient plutôt un mauvais signal et redoutent un net ralentissement des investissements. Aboukakar Sidikou est le secrétaire général de la Chambre des mines du Burkina, le principal syndicat patronal du secteur. Ce Nigérien qui dirige la société Orzone, détentrice du permis d’exploitation de la mine de Bomboré, décrypte pour Jeune Afrique les inquiétudes des sociétés minières présentes au Burkina suite à la récente modification du Code minier burkinabè. Entretien.
Jeune Afrique : Quel regard portez-vous sur les récentes modifications du Code minier ?
Aboubakar Sidikou : Nous attendons de recevoir le document final pour prendre la pleine mesure des dispositions contenues dans ce nouveau texte et mesurer pleinement son impact. Pour ce que nous en savons ce code est beaucoup moins attractif que le code de 2003 et va à contre-courant des tendances observées dans les pays de la sous-région comme la Cote d’ivoire. Il comporte par ailleurs un certain nombre de contradictions qu’il va falloir éclaircir. La Chambre des mines va se réunir dès cette semaine afin d’examiner ces points.
Qu’est ce qui change fondamentalement ? Et qu’est ce qui est attendu des modifications ?
Le changement majeur est sans doute l’instauration d’une taxe pour le Fonds minier de développement local. La Chambre des mines du Burkina a donné son avis de non-objection à une telle innovation, à condition que les fonds ainsi mobilisés soient bien gérés et aillent effectivement aux communautés.
En revanche, le prélèvement de 1 % autorisé par le nouveau Code sur le chiffre d’affaires des sociétés minières, est assez élevé, nous avions préconisé un taux de 0,5%. De même, la suppression de certains avantages fiscaux est clairement un mauvais signal pour le secteur. Nous ne comprenons pas que le Code des investissements prévoit l’octroi de tels avantages à des structures qui investissent 200 millions de F CFA (305 000 euros), tandis qu’on les refuse aux entreprises minières dont les investissements atteignent des dizaines de millions d’euros !
Ne pensez-vous pas que ce Code puisse néanmoins insuffler une nouvelle dynamique au secteur ?
Non, ce nouveau texte tombe à un moment inopportun. Nous espérions un code qui donnerait de la compétitivité au secteur minier burkinabé. Mais, hélas, nous n’en sommes pas là. Le nouveau texte remet en cause certains principes de base comme la stabilité fiscale pour les compagnies déjà en production.
De plus, nous sommes dans un contexte où les cours des métaux sont en baisse constante et la crise financière rend les levées de fonds encore plus difficiles. Beaucoup de projets en développement vont souffrir. Nous craignons un net ralentissement des investissements miniers, pourtant les premières mines arrivent progressivement en fin de vie et si « la relève » n’est pas assurée, il en sera fini du « boom minier » au Burkina Faso.
(avec jeunfeafrique)